Portée par un duo détonant – Milly Alcock et Tim Minchin – , la série de Chris Taylor se fraie un passage entre deuil et espoirs au cours d’un road-trip mémorable. A suivre sur Arte
Combien y avait-il de chances sur un million que ces deux-là se percutent sur cette route perdue de l’Outback australien ? Quelle était la probabilité qu’ils se «reconnaissent» et se connectent, au-delà de leurs difficultés et de leur détresse personnelle et qu’ils puissent s’épauler pour avancer ? La série Upright tente de répondre à ces multiples questions et à un tas d’autres enfouies sous le miroir des apparences. Entre la sauterelle débrouillarde et le musicien angoissé, le feeling passe rapidement, chacun percevant chez l’autre les ressources et l’occasion d’accomplir la mission qu’il s’est fixée.
Serpents, kangourous, dromadaires: tout le bestiaire australien est convoqué dans ce récit qui sonde nos espoirs et nos défis personnels… Mais le principal argument de la série tient dans son formidable duo de personnages et de comédiens. A commencer par l’énergie vitale déployée par Meg (Milly Alcock que l’on a pu voir ensuite dans House of the dragon). Il y a un côté Fifi Brindacier chez cette sauterelle exaspérante aux prises avec des difficultés bien réelles. L’adolescente n’a pas froid aux yeux, ni sa langue en poche. Elle semble fuir quelque chose ou quelqu’un à bord de son pick-up. Extrêmement déterminée, elle ne laisse personne lui imposer ses règles ou sa volonté. Habile négociatrice, elle ne manque pas d’arguments pour rallier Lachlan alias Lucky à sa cause. Et le mener presque par le bout du nez.

Cheveux longs et regard dans le vide, Lucky (Tim Minchin), contrairement à ce que son prénom semble indiquer, ne traverse pas une période faste. Face à Meg, il a souvent le sentiment de ne pas faire le poids. Musicien fauché, il est embourbé dans les ennuis, mais aussi hanté par l’image de sa mère, visiblement gravement malade. Lorsqu’il percute l’utilitaire de Meg, sa vie prend un virage à 180 degrés…
Dérive et sentiments
Les images magnifiques des paysages du sud de l’Australie habitent cette road-série foncièrement originale oscillant entre humour et drame. Scènes improbables, rencontres insolites et paysages de légende balisent la route de ces deux rouquins qui semblent partiellement poursuivis par la mouise. Tout en avalant les kilomètres, les deux compagnons de route rivalisent de références musicales parmi lesquelles viennent se glisser quelques compositions originales de Minchin lui-même, à la fois musicien, parolier, scénariste et acteur dans la série.
On est d’emblée happés par l’énergie singulière et pour tout dire détonante émanant de cet improbable duo qui, malgré les fêlures apparentes, fonctionne à merveille.
Série à infusion lente, Upright ne dévoile ses secrets et ses saveurs profondes que progressivement, comme le ferait un mille-feuille. En résulte un attachement profond à ces deux personnages à la fois drôles et déphasés, hantés par des êtres aimés et par le sentiment de manque dont ils ne semblent pas savoir comment se dépêtrer.
Il flotte sur cette série un parfum australien reconnaissable entre mille, qui a déjà attiré nos regards précédemment et permis de belles découvertes: qu’il s’agisse du drame The Tourist ou de la plongée dans l’univers médiatique proposée par The Newsreader…
Arte propose les deux saisons de ce road-trip dès ce vendredi. N’hésitez pas à monter à bord de ce pickup fonçant dans le désert, vous ne le regretterez pas.
Karin Tshidimba
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