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liberace.jpgUne info s’échappant de la radio nous a fait tendre l’oreille, ce matin. C’était sur France Inter, Matt Damon s’y étonnait que son dernier film en date « Ma vie avec Liberace » – où il partage l’affiche avec Michael Douglas, dans une mise en scène de Steven Soderbergh – ait difficilement trouvé à se financer. Cette histoire d’amour entre deux hommes plutôt excentriques aurait été jugée «trop gay, trop queer, trop singulière» par nombre de grands studios hollywoodiens. Et c’est donc HBO qui en a assuré la majeure partie de la production.

La télévision, nouvel espace de liberté pour les cinéastes ? s’interrogent en choeur cinéphiles, analystes et critiques. Voilà qui confirme et va sans doute encore renforcer l’aura du petit écran auprès des créateurs du 7e art.

Les précédents, en effet, ne manquent pas: Elephant de Gus Van Sant (qui a, depuis, poursuivi l’aventure en s’impliquant dans la série Boss), Mildred Pierce de Todd Haynes, Carlos d’Olivier Assayas: autant de créations réalisées initialement pour le petit écran qui ont aisément trouvé leur place sur le grand. Des démarches, par ailleurs, déjà couronnées de succès à Venise ou Berlin.

A ces exemples illustres, il faut encore ajouter les expériences récentes de Martin Scorsese (Boardwalk Empire), David Fincher (House of cards), Jane Campion, invitée cette semaine à présenter son Top of the lake à Cannes, Agnieszka Holland (Burning Bush) ou le Japonais Hirokazu Kore-Eda dont « Going Home » a été présenté, fin avril, lors du Festival « Séries mania » à Paris.

Ce qui faisait débat, il y a deux ou trois ans à peine, est parfaitement admis aujourd’hui: «Ma vie avec Liberace» (« Behind the candelabra », en VO) est en effet en lice pour la Palme d’or ou le prix d’interprétation, comme n’importe quel autre « film » de sa catégorie, même s’il s’agit en l’espèce d’une fiction unitaire. Un signe des temps qui ne trompe pas.

Car il ne s’agit pas d’une toquade passagère. Comme nous l’avons déjà évoqué, ici, la liste des projets à venir est encore longue. Les frères Coen vont adapter leur Fargo en série tandis qu’Andy et Lana Wachowski (Matrix) planchent sur Sense8, leur première incursion télévisée: une série de science-fiction en 10 épisodes qui sera proposée fin 2014 par Netflix.
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l y a quelques semaines, Joseph Kosinski, le réalisateur du film « Oblivion », a présenté un projet à AMC. Baptisée Ballistic city, sa série de science-fiction se veut “une rencontre entre Battlestar Galactica et Blade Runner”. Enfin, Steven Spielberg évoque un projet de mini-série en trois épisodes atour du personnage de Napoléon…

Pour les chaînes câblées, plutôt en bonne santé, la course aux projets originaux et aux signatures prestigieuses s’apparente désormais à une compétition de haut niveau, où il est bon de faire entendre les voix les plus singulières et les idées les plus audacieuses.
La télévision, nouveau média d’auteurs? C’est bien le moins que l’on puisse espérer à côté de l’avalanche de blockbusters…
KT

ps: et puis, un hommage du grand au petit écran, en plein Festival de Cannes, voilà qui tombe à pic pour cette 200e chronique…

nb: on peut lire la présentation critique de ce film par Fernand Denis, ici