Intrigue policière et menace insidieuse sur la sécurité nationale au cœur d’un sous-marin britannique. Un huis clos doublement oppressant où Suranne Jones tente de garder la tête froide et hors de l’eau. Sur Be Séries, samedi, 20h30.

En quelques secondes à peine, l’immersion est totale. Avec Vigil, nouveau thriller produit par James Strong (Liar), pas le temps de tester la température de l’eau ou de passer par le petit bassin : le Britannique nous entraîne d’emblée vers les grandes profondeurs. En quelques minutes, un petit bateau de pêche est en effet entraîné par le fond par un de ses filets resté mystérieusement bloqué. Le HMS Vigil, élément majeur de la dissuasion nucléaire britannique, patrouillait justement dans les parages, au large de l’Écosse.

L’incident donne au commandant de bord toutes les raisons de craindre de ne pas avoir été le seul à frayer dans ces eaux profondes, juste en dessous du chalutier, ce qui pourrait représenter une menace majeure pour la sécurité de l’État britannique… Et pour corser encore l’affaire, un membre de l’équipage est retrouvé mort dans sa cabine.

Un naufrage et une mort mystérieuse

Dans son premier épisode, la mini-série Vigil , déclinée en six volets, joue à fond la carte du thriller et du suspense étouffant, tandis que les profils psychologiques de ses différents protagonistes se dessinent patiemment. La singularité de l’univers dépeint par la caméra de Tom Edge et la diversité de l’équipage présenté permettent d’imaginer une intrigue dense à souhait. Le public est assurément harponné et on ne peut s’empêcher de songer à la maîtrise dont avait fait preuve la série Bodyguard dans ses premiers épisodes lors de leur diffusion en 2018. Les deux séries ont d’ailleurs les mêmes producteurs. Même si l’univers très masculin de Vigil est, a priori, moins attrayant et diversifié que celui de l’entourage de la ministre de l’Intérieur britannique.

L’inhabituel lieu de l’intrigue, filmé sous tous les angles et exploré dans les moindres recoins, donne une résonance particulière au terme de huis clos, l’attaque de panique n’étant jamais loin à bord du sous-marin. C’est surtout le cas pour son actrice principale, Suranne Jones (vue dans Doctor Foster et Gentleman Jack) qui se glisse dans la peau de l’inspectrice Amy Silva, récemment sortie d’un épisode de dépression et d’anxiété aiguë. Elle partage l’affiche avec Rose Leslie (Game of Thrones, Downton Abbey), recrutée sous les traits du sergent Kirsten Longacre. Les deux femmes doivent coordonner leurs efforts pour tenter de percer les secrets de la Royal Navy, un défi qui s’annonce corsé… D’autant que de nouvelles tensions politiques ne tardent pas à s’imposer, poussant bientôt les services secrets de Sa Majesté à s’en mêler. Toutes les personnes impliquées naviguent désormais en eaux troubles, en pleine lutte d’influence et de pouvoir.

En immersion face à la Grande Muette

Un enquêteur confronté au silence et aux stratégies d’évitement de la Grande Muette, voilà un prologue presque classique des films et séries policières, mais la variation est d’autant plus intrigante ici que l’enquêtrice, dépêchée sur la base navale de Dunloch et à bord du HMS Vigil, est doublement placée en immersion. Une sensation que cette dernière goûte moyennement, étant sujette à la claustrophobie, particularité qu’elle tient, bien évidemment, à garder secrète.

Entre mauvaise foi, mauvaise volonté et pressions de la hiérarchie, l’inspectrice Amy Silva aura besoin de toutes ses facultés d’analyse et de déduction, ainsi que de tout son sang-froid, pour démêler cet obscur imbroglio sous-marin.

La mini-série, lancée fin août sur la BBC, a été présentée en avant-première lors du Festival Séries Mania à Lille et sera aussi prochainement diffusée sur Arte.

Karin Tshidimba