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1963: garçons et filles partagent désormais les mêmes lycées. « Qui a eu cette idée folle ? » rugissent les détracteurs de la nouvelle disposition. Face à l’école Mixte** la France blêmit sur Amazon Prime.

Emoi dans la petite ville de Saint-Jean-d’Angély en Charente-Maritime. Ce lundi, le lycée Voltaire accueille ses premières lycéennes : 11 jeunes filles qui font leur entrée en classe de deuxième (4e secondaire en Belgique). Pour les ardents défenseurs de la France gaulliste, l’événement ne prête pas vraiment à sourire mais fait plutôt grincer les dents.

Dans le camp des détracteurs, on retrouve les arguments sexistes “classiques” de l’époque (1963) : la mixité empêcherait les garçons de se concentrer, les filles n’auraient pas le niveau et n’auraient pas besoin d’aller au lycée (sous-entendu : elles feraient mieux de se concentrer sur leur avenir de bonnes épouses et bonnes mères). Sans oublier les contraintes pratiques : l’éducation nationale n’a pas pris la mesure des adaptations nécessaires (sanitaires, cours de sport,…) à l’instauration de la mixité dans les établissements scolaires.

Rivalités entre garçons et filles

Pour Jean-Pierre (Baptiste Masseline), la situation est d’autant plus tendue que sa sœur Michèle (Léonie Souchaud) fait partie des 11 pionnières. Il désapprouve le choix de ses parents et le caractère frondeur de sa sœur; il refuse donc de lui être associé, mais aussi que des garçons s’en prennent à elle.

Dans le rôle d’Annick Sabbiani, élève scrutée par tous (profs et élèves) car “trop belle, pas assez discrète” et “trop brillante” à la fois, la Belge Lula Cotton-Frapier affirme le charisme révélé et largement exposé dans la série Skam de France.tv. Avec son look de Brigitte Bardot jeune, l’actrice évolue parfaitement sur la fine ligne entre détermination à réussir et fragilité de sa situation familiale et financière.

Face à elle, le discret et timide Pichon, élevé au milieu de sœurs, est tout aussi bien dessiné, mais on ne peut pas en dire autant de Michèle et Simone qui peinent à imposer leur singularité. Que ce soit dans le rôle de la jeune fille “en qui personne ne croit (même au sein de sa famille) mais qui n’a pas l’intention de se laisser faire” ou de Simone, la jeune Pied-Noir (Anouk Villemin) “trop heureuse d’être venue étudier en France” mais dont l’histoire familiale est jusqu’ici inexploitée.

Après trois épisodes, le profil du jeune Alain Laubrac, issu de l’assistance publique, est lui aussi prometteur. Reste à espérer qu’il sera davantage mis en lumière dans la deuxième partie de la série (4 nouveaux épisodes) attendue lundi prochain.

Egalement créés par Marie Roussin (Les Bracelets Rouges, Un Village Français) pour Amazon Prime, les personnages adultes sont définis avec plus de précisions et d’aspérités. Soit un joli casting du corps enseignant : un surveillant général sévère mais juste (Pierre Deladonchamps), une infirmière scolaire à l’écoute (Maud Wyler) et une ravissante jeune prof d’anglais (Nina Meurisse). On n’évite pas toutes les caricatures : la vieille prof revêche et coincée (Anne le Ny) ; le prof de latin obtus et borné… En choisissant de passer par l’humour, Mixte★★ entend rallier de nombreuses voix à sa cause, mais pèche par moments à embrasser un point de vue suffisamment étayé ou contrasté. Elle retient l’attention par sa bonne reconstitution de l’atmosphère de l’époque où l’émancipation de la femme, le poids du patriarcat et la discrimination sociale sont déjà des combats de premier plan.

Des combats toujours actuels

Sexisme, divorce, homosexualité, fracture sociale : les thématiques brossées ne manquent pas. Qu’il s’agisse des premiers pas dans un monde réservé aux hommes, des premiers émois ou des premiers combats, le parti pris est celui de la comédie légère. Si certaines scènes sont bien amenées, d’autres manquent de chair et d’un point de vue plus affirmé, du moins pour le moment. Tout cela est traité de façon parfois trop molle ou consensuelle, surtout le quotidien des lycéens. Or la comédie aussi est affaire de rythme, comme l’a si bien rappelé la série française Ovnis

Karin Tshidimba