La nouvelle série de Canal+, entièrement tournée en Belgique, voit un ingénieur spatial (Melvil Poupaud) forcé d’enquêter sur des phénomènes volants mystérieux. Une comédie pleine de questionnements existentiels et de poésie. À voir lundi, sur Be1, à 20h30

Didier Mathure (Melvil Poupaud) est un scientifique français promis à un brillant avenir, mais un couac magistral va provoquer sa chute. Pour se faire oublier et pardonner l’explosion de la fusée Crystal, lancée depuis Kourou en Guyane (250 millions de francs, tout de même !), l’homme accepte un poste au Gepan, service destiné à recueillir des infos certifiées sur des phénomènes inexpliqués. Un organisme dont il ignorait l’existence jusque-là. Le voici forcé d’aller observer des phénomènes étranges à travers la France.

Une France qui doute

Confronté à la joyeuse bande d’« hurluberlus » qui y travaillent, le scientifique entend bien faire triompher la logique et la rationalité au Gepan. Didier Mathure veut en faire un « groupe d’enquête » et non plus d’étude afin de résoudre un maximum de cas et garder ainsi toutes ses chances de renouer avec le cœur de son métier : le projet Ariane et la station spatiale européenne à Francfort.

« La France étant la troisième puissance spatiale« , il refuse de devenir la risée des Américains. Mais la tâche s’annonce ardue. À son arrivée dans ses nouveaux locaux, il croise un flamant rose…

Daphné Patakia, Michel Vuillermoz, Melvil Poupaud et Quentin Dolmaire: la fine équipe du Gepan.

Surréalisme et poésie

Avec son petit parfum de comédie fantasque des années 70, cette série originale en 12 épisodes réussit un sans-faute. Formidable voyage en Absurdistan, Ovni(s)***  bénéficie d’acteurs formidables et d’un sacré sens du rythme tout en soignant particulièrement son atmosphère de mystère, soigneusement élaborée en Belgique. Une série pleine de second degré, aux personnages loufoques et attachants et aux intrigues qui défient l’entendement. Au milieu de ce tumulte brille la jeune Véra, reine des métaphores colorées et inattendues.

« Je trouve cela bien qu’il y ait un peu de mystère. Moi, je suis ouverte à tout : voyance, mythe de l’Atlantide, monstre du Loch Ness, triangle des Bermudes,… » Daphné Patakia, comédienne belgo-grecque prête à son personnage son sourire désarmant, ses yeux malicieux et son phrasé si singulier.

Mariant sciences, surréalisme et poésie, la série imaginée par Clémence Dargent et Martin Douaire, et mise en images par Antony Cordier (Gaspard va au mariage), pose la question de la place de l’homme dans l’univers. Tout en confrontant un duo de scientifiques à ses problèmes en tant que parents et que couple.

A son sujet, le scénariste Martin Douaire parle de « Mad Men qui rencontre X-Files » et pointe le contraste entre le CNES, temple de la science objective, au sein duquel un petit bureau, le Gepan, « accueille l’irrationnel à travers des sujets évocateurs. » Le Gepan ou Groupe d’études des phénomènes aérospatiaux non-identifiés est un repaire « d’esprits curieux » qui résistent encore et toujours et « cherchent à établir des statistiques claires ». Officiellement créé en France en 1977, il avait initialement pour but de trouver des explications scientifiques aux apparitions de soucoupes volantes qui défrayaient la chronique.
A lire dans l’édition de ce week-end, l’interview des concepteurs de cette aventure à la tonalité unique.

Karin Tshidimba