Les tournages de séries arrêtés, en Belgique, en France et aux Etats-Unis, auront un impact sur les grilles de l’automne 2020

S’il n’y a pas encore de rupture de livraison dans le domaine des séries – à part le doublage de Prodigal Son (avec Tom Payne photo) qui n’est pas terminé en raison de la grande proximité avec la diffusion aux États-Unis -, les mois à venir s’annoncent chauds sur le front des séries. Pas de quoi craindre une pénurie généralisée mais des changements de rythme et de titres afin de pallier les retards prévisibles.
Comme ce fut le cas lors de la grande grève des scénaristes américains en 2008, il faudra adapter les grilles des chaînes. Marc Janssen, responsable de la Fiction à la RTBF, nous a expliqué ce à quoi on peut s’attendre dans les prochaines semaines ou mois.

« Avec Sophie Benoit, responsable de la programmation TV, on a rempli les cases jusqu’au 28 juin avec de bonnes programmations séries pour faire face. C’est vrai que la production française est affectée (et notamment les feuilletons quotidiens tels Demain nous appartient ou Un si grand soleil). Nos principales coproductions ont lieu avec la France : on est tous dans le même bateau car nous sommes partenaires. On y verra plus clair de semaine en semaine. Mais il y aura sans doute un trou d’air en automne. »

Les séries américaines sont moins présentes dans les grilles de la RTBF, donc l’effet est moins marqué. « Pour les fans de séries précises, on ne peut pas garantir qu’il n’y aura pas d’impact sur la diffusion ; on leur demande un peu de patience. En revanche, pour ceux qui aiment regarder des séries originales sur Auvio, notre boulot consiste justement à chercher des alternatives susceptibles de les séduire. Et il y en a… » rassure Mac Janssen.

Automne chahuté en perspective

« Pour le Séries Corner et La Trois, on poursuit notre planning. Nous avons une formidable série danoise qui arrive le 8 avril, Deliver us, la série américaine Condor, d’après le roman de James Grady et une série britannique dont on finalise l’achat en ce moment même. Les problèmes vont venir de nos coproductions françaises. On va traverser une période un peu compliquée mais les tournages vont pouvoir recommencer au fur et à mesure. Il y aura sûrement un trou d’air d’ici la fin de la saison (juin) mais on n’est pas inquiets, on trouvera des programmations alternatives. On suit l’évolution au jour le jour. Il y aura sans doute quelques nouvelles difficultés dans six mois au moment où les nouveautés françaises, tournées au printemps, devaient être livrées. Même chose pour les séries américaines », poursuit Marc Janssen.

Les répercussions de cette crise inédite sont évidemment différentes d’une zone géographique à l’autre. En diversifiant ses sources d’approvisionnement – France, Europe, Grande-Bretagne, États-Unis -, la RTBF pourra limiter l’impact sur ses grilles et assurer un solide éventail sur La Trois et Auvio qui sont « par excellence les canaux gratuits de découverte d’autres territoires sériels » : Grande-Bretagne, Espagne, Finlande (tel Invisible Heroes disponible dès le 1er avril), etc.
« Pour le Séries Corner, on a un catalogue tellement vaste qu’on ira piocher dans les séries qui ne datent peut-être pas d’il y a deux mois mais d’il y a un an ; cela restera de belles découvertes pour le public. »

Dans les semaines à venir, alors que les téléspectateurs sont toujours plus nombreux devant leur téléviseur, il importe de conserver un bon équilibre entre rediffusions « feel good » et « inédits » attirants. « On veut éviter de multiplier les rediffusions, même si on sait que certaines font plaisir aux téléspectateurs car elles réveillent leurs souvenirs, comme ça a été le cas avec le film Astérix et Obélix : mission Cléopâtre ou avec le retour de la série Une famille formidable durant l’après-midi sur La Une. Il y a un équilibre à maintenir : on doit éviter de diffuser un trop grand nombre de films inédits qui sont forcément plus chers. Dans cette période d’incertitude économique, on doit plus que jamais être attentifs à nos budgets » souligne Marc Janssen.

Entretien: Karin Tshidimba