Les déprogrammations de séries se multiplient tandis que les (anciens) films et séries s’imposent sur tous les écrans. Même le lancement de la plateforme Disney+ a été retardée en France.

En radio comme en télévision, nécessité fait loi. Chaque jour charrie son lot de déprogrammations et / ou de changements de programme. Face à la chute impressionnante des revenus publicitaires qui frappe les chaînes – malgré des audiences qui augmentent très sensiblement -, les diffuseurs doivent à tout prix faire baisser leur coût de grille, en évitant de proposer trop de programmes inédits et en les remplaçant par d’autres déjà bien rentabilisés. D’où le choix de ne diffuser qu’un seul épisode de série inédite par semaine, comme c’est déjà le cas pour Les Bracelets rouges ou la nouvelle saison de Profilage en cours de diffusion sur TF1. Et comme ce le sera bientôt pour les séries Sections de recherche (dès le 28/03) et Candice Renoir (annoncée le 9 avril) sur La Une.

Le coût, forcément élevé, de ces programmes n’est pas la seule considération qui entre en ligne de compte. Pour les chaînes, il importe aussi de gérer la pénurie annoncée de fictions – pour cause de tournages interrompus ou retardés (cf notre précédente note sur la situation aux Etats-Unis). Afin de prolonger le plaisir mais aussi d’éviter la disette, nombre de chaînes ont décidé de ne plus diffuser leurs séries françaises phares qu’au compte-gouttes… L’idée est d’économiser «le stock» en attendant l’éclaircie. Un peu comme certains le feraient avec leur réserve de pâtes, de farine ou de papier wc… (just kidding)

Ce problème inédit d’approvisionnement en programmes pousse les chaînes à gérer au mieux la pénurie. Mais aussi à tenir compte du changement de profil des téléspectateurs – il y a davantage d’enfants devant le petit écran en soirée en semaine et le week-end – ce qui les pousse à mettre en avant des films jugés plus « familiaux ».

Moins de séries, plus de films dans les grilles

Tenir compte du nombre croissant de téléspectateurs confinés, c’est aussi leur permettre de revoir des classiques du cinéma qui réveillent leurs souvenirs, comme ce sera le cas tous les jeudis et les samedis soir sur La Trois entre le 26 mars et le 30 avril prochains. Avec pas moins de 18 films belges à (re)voir : L’Économie du couple, Carnivores, Mon ange,…. Mais aussi avec l’offre de films patrimoniaux mise en avant sur France 2 chaque jour vers 14h. Une bonne façon de rassembler toute la famille et de faire sourire le grand public, sans trop grever les budgets…

La concurrence étant pour le moment inexistante avec les sorties de films inédits en salle, pour cause de fermeture de tous les cinémas, les jours jadis « interdits de cinéma » (samedi et dimanche apm) n’existent plus en cette période de crise.
Ce vaste mouvement de déprogrammations ne fait que commencer, laissent entendre les diffuseurs français et belges, bien conscients que nous ne sommes pas encore sortis de l’oeil du cyclone.

C’est d’ailleurs la raison qui a poussé les autorités à demander le report au 7 avril du lancement de la plateforme Disney+ en France. Ceci, afin de répondre à leurs craintes en matière de saturation du réseau, déjà mis à rude épreuve par le recours quasi généralisé au télétravail. Fort logiquement, Canal+ a décidé de décaler à la même date sa soirée spéciale consacrée à The Mandalorian, série dérivée de l’univers « Star Wars », première création du genre réalisée en prises de vues réel.

Karin Tshidimba