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Les histoires de batailles rangées entre flics et ripoux remontent à l’invention de la force publique. Bien avant l’instauration officielle des célèbres Boeuf-carottes, surnom de la très crainte et controversée police des polices.
Sur ce thème en apparence éculé, la BBC est parvenue à lancer en 2012 Line of Duty*** une série à la narration aussi redoutable que percutante, rapidement encensée par la critique et comparée aux séries The Shield (2002), aux Etats-Unis, ou Engrenages (2005), en France. A voir ce jeudi à 21h sur France 3.

Grâce à la première saison de Line of Duty, BBC2 enregistrait même sa meilleure audience dans le domaine des séries depuis dix ans. Un record à nouveau pulvérisé à la rentrée 2018 par le même scénariste Jed Mercurio avec sa nouvelle série Bodyguard mais ça, c’est une autre histoire dont nous reparlerons bientôt…

Conquise par la carrure des personnages, la justesse des dialogues, la tension et l’inventivité des situations et la finesse de l’analyse sociétale proposée, la BBC a décidé, au bout de trois saisons, de transférer la série sur son vaisseau amiral : BBC1. Attestant ainsi de sa réussite sur son propre territoire. C’est cette nouvelle salve d’épisodes que France 3 décide de programmer ce jeudi à 21h, alors que les premières saisons ont été diffusées respectivement sur France 4 et France Ô. Preuve que la police des polices est définitivement sortie de l’ombre…

Témoignages anonymes

Ambition démesurée, petits arrangements avec les malfrats, dérives autoritaires, entorses à la loi, violences et impunité : les maux des forces l’ordre sont connus… et traqués par d’autres hommes en armes soucieux de la bonne réputation des gardiens de la paix.
Afin de rendre le plus réaliste possible ses intrigues, Line of Duty a eu recours aux témoignages anonymes d’anciens officiers à la retraite, la police ayant refusé de collaborer au projet selon les dires du quotidien The Guardian. Nullement échaudé par ce refus, le créateur Jed Mercurio a continué à tisser sa toile, abordant au sein de chaque saison une enquête différente de longue haleine. Chacune peut donc être abordée séparément, sans avoir vu les précédentes, même si, au fil du temps, les liens entre les différents membres de l’unité anti-corruption, baptisée AC-12, se sont forcément étoffés.

Dans cette saison 4, l’enquête principale porte sur un serial killer. Malversations, connivences policières ou enquête bâclée restent le moteur de recherche de l’unité AC-12 qui combine enquête minutieuse et travail sous couverture. La comédienne Thandie Newton (Westworld) fait son apparition dans cette nouvelle salve de six épisodes et vient se confronter à l’équipe de base composée, notamment, de Martin Compston (le détective Steve Arnott vu dans Sweet Sixteen) et Vicky McClure (la perspicace Kate Fleming vue dans Broadchurch). Un rôle énigmatique, celui de l’ambitieuse et déterminée capitaine Roz Huntley, pourvoyeur de nombreuses tensions et révélations…

Avec un art consommé du dévoilement et du suspense, Jed Mercurio parvient à tenir le téléspectateur en haleine jusqu’aux toutes dernières minutes du dernier épisode. Du travail d’orfèvre, notamment dans les scènes d’interrogatoire saturées en sous-entendus, bluff et retournements de situation. Une magistrale leçon d’écriture et de mise en scène.

La saison 5 de Line of Duty est attendue début 2019 sur la BBC et une saison 6 est déjà en préparation.

Karin Tshidimba