Le vent serait-il en train de tourner? Il est sans doute trop tôt pour en jurer mais les résultats d’audience enregistrés par France 2, lundi soir, se révèlent très encourageants avec 6,6 millions de Français en moyenne séduits par les trois premiers épisodes de Broadchurch.
Le thriller britannique, salué par la critique, a touché plus de 25% du public présent devant son téléviseur, un excellent score qui dépasse même celui réalisé par la chaîne avec une série telle que Castle. Reste à espérer que les audiences se maintiennent dans les deux semaines à venir, jusqu’à la fin de ce récit en huit épisodes.
Ce premier score est une jolie récompense pour France 2 qui avait orchestré une très belle campagne de promotion autour de son acquisition et qui a même déjà acheté les droits pour une possible adaptation française.
Ce qui tend à prouver que la « mauvaise réputation » des séries british est très largement surfaite. Fasciné par les séries américaines, le public européen serait nettement moins féru de fictions britanniques. C’est du moins ce que répondent les chaînes belges lorsqu’on leur pose la question de l’absence de ces fictions sur nos petits écrans. C’est bien simple, sans Arte, et parfois France 3, la plupart des perles du Royaume-Uni nous fileraient carrément sous le nez.
Ce succès de Broadchurch sur France 2 est-il l’arbre qui cache la forêt? Et que programmer après? Les exemples de réussites britanniques ne manquent pas, les acheteurs n’ont donc que l’embarras du choix. En revanche, la liste est longue de celles qu’on n’a pas vues chez nous de façon quasiment inexplicable: Downton Abbey, Call the midwife, Utopia, Luther,… ou que l’on a aperçues de façon si discrète: Doctor Who, Skins, Sherlock, The Hour,…
Bien sûr, leur caisse de résonance étant plus petite, les séries anglaises bénéficient souvent d’une renommée moindre mais leur réputation n’est pourtant plus à faire. Raison pour laquelle on a vu se multiplier ces dernières années, les remakes de récits british aux Etats-Unis. Comme The Office, Shameless ou House of cards, plus récemment.
Une autre solution, privilégiée par la France, est la coproduction avec les Britanniques. Une façon de s’adjoindre ce supplément d’âme et d’audace qui, parfois, fait défaut aux productions franco-françaises. On l’a vu tout récemment avec The Tunnel, projet coproduit par Canal+, qui faisait mener l’enquête, sur un serial killer sévissant dans les régions voisines de l’Eurotunnel, par un policier britannique et son homologue française. Principe de l’enquête bilingue également adopté par Death in Paradise, fiction mariant la BBC et France Télévision.
Tous les projets ne se prêtent pas forcément à une union transfrontalière et à une coopération policière binationale. Force est tout de même de constater que cela muscle considérablement les intrigues et ajoute une couche de réalisme et d’inattendu franchement bienvenue aux séries ainsi conçues.
Marqué par des policiers aux attitudes peu conventionnelles, The Tunnel a été diffusé sur Be TV. Aucune trace, en revanche, de Luther, autre flic jusqu’au-boutiste et forcené dont l’attitude borderline aurait cependant mérité de retenir toute l’attention de l’une de nos chaînes.
Dans la galerie des flics controversés pour lesquels seul le résultat compte, il mérite largement sa place aux côtés des héros de The Shield, The Wire ou Braquo, prouvant que les exemples ne restent pas cantonnés aux USA.
Dans la saison 3 de Luther, fraîchement éditée en DVD par Studio Canal – qui est aussi celle qui marque la fin de son périple – Idris Elba multiplie les actes de sédition, poussant sa hiérarchie à prendre position et à se prémunir contre lui. Chez ce personnage complexe et fascinant, les zones d’ombre semblent lutter pied à pied avec les plus infimes parts de lumière. En résultent 4 épisodes d’une intrigue tendue comme un arc où le spectateur retient son souffle.
Dans ce rôle, l’impressionnant Idris Elba, vu dans “The Wire” et “Prometheus” – et sous les traits de Mandela plus récemment au cinéma -, fait une nouvelle démonstration de son immense talent. Son personnage de John Luther, aux prises, depuis trois ans, avec un enfer avant tout intérieur, prouve qu’en matière de forcenés la fière Albion n’a pas besoin qu’on lui fasse la leçon.
KT
nb1: “The Tunnel”, 4 DVD, Studio Canal ; “Luther”, coffret 2 DVD, Studio Canal
nb2: Pour retrouver les critiques et extraits, suivre le lien bleu
franchement, svp, changez cette police. Votre blog a l’air intéressant, mais c’est illisible.