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shoot the book 1.jpg« Lire beaucoup, vite et de tout », c’est le profil du scoutisme tel qu’il se pratique dans le monde littéraire.
Sorte de sherpa lancé à l’assaut de la montagne édition, il ou plutôt elle, car c’est une profession très féminine, est généralement bilingue voire polyglotte et a le profil d’un lecteur boulimique. Son objectif : repérer, avant tout le monde, le livre étranger ou francophone qui fera le bonheur de ses clients français, américains, anglais, suédois, taïwanais ou espagnols.

Face à l’avalanche littéraire, certains, aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, pratiquent une recherche encore plus ciblée. Leur question n’est plus seulement «Est-ce que c’est un bon livre?» mais «Est-ce que cela ferait un bon scénario?». Et avec le boum des adaptations, l’activité est appelée à se développer. Comme on le constate en ce moment même à Cannes…

catherine corsini.jpgNée aux Etats-Unis, la fonction de « scout » s’est rapidement répandue à travers la Vieille Europe. Qu’il soit attaché à une maison d’édition en particulier ou indépendant en contrat avec quelques éditeurs, le scout passe son temps à scruter la production littéraire d’un ou plusieurs pays afin de dénicher le prochain coup de coeur des libraires et des lecteurs. Un exemple? La réalisatrice Catherine Corsini (photo) réalisera l’adaptation du dernier roman de Christine Angot, Un amour impossible. Tournage prévu au printemps 2017.

Outre sa rapidité et ses fiches de lecture détaillées, il ou elle doit avoir d’excellents contacts dans le milieu littéraire, doit bien connaître les goûts et particularités de chaque territoire mais aussi les catalogues de chacun de ses clients. Si le scout fonctionne évidemment au coup de coeur, il doit pouvoir faire preuve de pragmatisme et renseigner des perles rares d’origines très diverses en fonction du profil singulier de chaque maison pour laquelle il travaille.

Vigiles et têtes chercheuses au service de maisons de production, les scouts audiovisuels font le lien entre l’écrit et l’écran, entre le monde de l’édition et celui des producteurs audiovisuels, forcément incapables de scruter toute la production littéraire mondiale. Or la demande en adaptations ne cesse de croître comme le prouvent des événements comme Shoot the book, Books at Berlinale ou des rendez-vous professionnels plus «traditionnels» comme la Foire de Londres ou de Francfort. Chacun tentant de dénicher dans la masse de ce qui s’écrit et de ce qui se lit, la future nouvelle star littéraire.

Cette réalité intègre peu à peu le paysage hexagonal comme le démontre en ce moment même le Festival de Cannes. shoot the book 2.jpgOrganisé par la SCELF (Société Civile des Editeurs de Langue Française) et le BIEF (Bureau International de l’Edition Française), en partenariat avec la Commission du Film d’Ile-de-France, l’événement Shoot the book permet aux éditeurs français d’être représentés collectivement afin de promouvoir leurs oeuvres auprès de producteurs internationaux. Cette année, le jury, composé de treize professionnels du cinéma français et étrangers, a sélectionné pour leur potentiel d’adaptation audiovisuelle dix ouvrages (romans, bandes dessinées) pitchés, hier, en anglais par leurs éditeurs. A savoir:

–       Théorie de la vilaine petite fille de Hubert Haddad, aux Editions Zulma,

–        Madame Bâ de Erik Orsenna, aux Editions Fayard,

–        Bilqiss de Saphia Azzeddine, aux Editions Stock,

–        Et je danse aussi de Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat c/o Fleuve Editions,

–        Délinquants et victimes de Olivier Peyroux aux Editions Non Lieu,

–        Black Cocaïne de Laurent Guillaume aux Editions Denoël,

–        Mezek de André Julliard et Yann aux Editions Le Lombard,

–        Le Cœur Cousu de Carole Martinez aux Editions Gallimard,

–        Les Gens Honnêtes de Christian Durieux et Jean-Pierre Gibrat aux Editions Dupuis,

–        Il était une fois dans l’Est de Julie Birmant et Clément Oubrerie aux Editions Dargaud.

Et ce mercredi, le pavillon “Cinémas du Monde” accueille des rendez-vous individuels entre les éditeurs français et les producteurs. Preuve des liens toujours plus étroits existant entre auteurs et séries, comme le soulignait déjà notre précédente note.

KT