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the americans 2.jpgAvant même La source, une autre série s’est penchée sur les frictions entre réalité et mensonges dans le quotidien des agents secrets.
Lancée en janvier dernier sur la chaîne FX où elle revisitait la Guerre froide, The Americans*** arrive ce lundi à 20h55 sur Be1, précédée d’une solide réputation.

Les apparences sont souvent trompeuses. Prenez ce couple, apparemment sans histoire: Philip et Elizabeth Jennings. Ils habitent dans la banlieue de Washington avec leurs deux enfants, Paige et Henry. Rien ne les distingue de leurs plus proches voisins, et pourtant… Leur travail au sein d’une agence touristique cache en réalité des activités bien plus controversées et lourdes d’enjeux. Entrés très jeunes au service du KGB, ils ont fait l’objet d’un mariage arrangé afin de renforcer leur couverture, une fois infiltrés aux Etats-Unis. Mais après 15 ans de vie commune et la naissance de deux enfants – qui ignorent tout des véritables activités et de l’identité de leurs parents -, l’apparence du vrai et le faux sont si intimement liés que bien malin qui pourra les démêler…

Au fil du temps, les idéaux qui les ont jadis poussés à se mobiliser se sont parfois troublés, la réalité de terrain entrant en collision frontale avec les objectifs recherchés. Peut-on chérir la paix lorsqu’on est agent secret? Douter du bien-fondé de certaines missions lorsqu’elles vous sont présentées comme vitales pour votre mère patrie? Peut-on rester sourd et aveugle aux charmes très différents du pays qui vous abrite depuis 15 ans? Voilà toutes les questions que pose The Americans qui est bien plus qu’un roman d’espionnage ordinaire.

Déco, costumes et BO l’indiquent, nous voilà transportés dans les années 80, à l’heure où le ton est sérieusement remonté entre les présidents Reagan et Brejnev, sur fond de menace nucléaire. Empoisonnements, infiltrations, postiches, micros et même parapluie trafiqué: toute la panoplie du parfait agent secret a été convoquée. Avec son générique «vintage» mêlant vieilles photos et images d’archives, The Americans offre un beau voyage en 13 épisodes. Et une 2e saison est déjà  en préparation.

Il faut dépasser la mise en place un peu forcée du premier chapitre pour découvrir la vraie nature et la richesse de ce récit signé Joe Weisberg, ancien agent secret. (Il a travaillé pour la CIA entre 1990 et 1994, un savoir-faire dont il se sert pour étayer son intrigue.) 
Car une fois lancée, la machine ne connaît plus de ratés et offre un rôle complexe à souhait aux agents campés par Matthew Rhys (Brothers & sisters) et Keri Russel (Felicity), obligés de se tenir à couvert tout en menant des missions de plus en plus risquées. Une existence où il est de plus en plus ardu de distinguer le faux du vrai, surtout lorsque s’enclenche la ronde des sentiments.
Et l’arrivée dans le quartier d’un nouveau voisin, Stan Beeman, membre du FBI, vient encore accroître la pression ambiante. L’extrait ci-dessous donne une idée assez précise du ton et de la trame du 1er épisode.

Au fil des épisodes, il est beaucoup question des possibles erreurs de jugements, dilemmes et cas de conscience qui constituent le quotidien de ces spécialistes du renseignement. Ainsi que des dommages collatéraux qui ne sont pas de vains maux. Loin des cascades et fusillades en tous genres, qui sont le lot des films de ce genre, la série explore l’impact sur la vie de tous les jours, le moral et les relations personnelles d’Elizabeth et Philip.

A force de dérobades et d’arrangements avec la vérité, comment savoir ce qui est réel ou supposé, normal ou déglingué ? Entre faux semblants et réalités, la navigation s’effectue le plus souvent en eaux troubles, faisant un peu perdre le nord à tout le monde. D’autant que le bien commun empiète le plus souvent sur la liberté ou la sérénité de chacun.

Scénario biscornu, pensez-vous? Détrompez-vous. Cette série s’inspire de l’affaire « Illegal Programs » qui a conduit à l’arrestation, en 2010, de dix agents russes aux Etats-Unis. Leur intégration parfaite au milieu de leurs collègues, voisins et amis les plaçaient au-dessus de tout soupçon…
KT

nb: Le sujet vous passionne? D’autres pistes restent à explorer dans la note ci-dessous.