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Boss
 
Boss.jpgL’action se déroule à Chicago, cité qui a toujours symbolisé l’Amérique et son ambition. A travers cette fiction ambitieuse, stylisée dans ses premiers épisodes par la caméra experte de Gus Van Sant, la petite chaîne Starz revisite la vie de Richard Joseph Daley, élu démocrate qui régna sur Chicago de 1955 à 1976. A l’époque, la ville vécut, entre autres événements majeurs, les émeutes liées à la mort de Martin Luther King et les violences entourant la convention démocrate de 1968.
Quarante ans plus tard, l’imposant Kelsey Grammer endosse la personnalité de ce maire mythique dont le “règne” a charrié son lot de corruption, de déviances, de loyauté aveugle, de “bons et de méchants”. “Tom Kane est un combattant, sans aucun sentiment ou question de conscience.” “Les sacrifices (exigés par la politique) portent toujours sur des amis, des collègues, ou la famille. Mais ils restent faciles à opérer lorsque vous tenez le couteau”, précise le maire dès la bande-annonce.

 
Conçue comme une version contemporaine du “Roi Lear” de Shakespeare ou du “Prince” de Machiavel, la série montre un homme qui “reste persuadé que tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins”. “Ce n’est pas un bad guy, mais la plupart de ses interventions sont illégales”, souligne Farhad Safinia. Le créateur et producteur de Boss*** dit avoir “voulu explorer ce que les gens font lorsqu’ils cherchent à obtenir des choses les uns des autres”. “Le plus fascinant est de voir ce qui est montré devant les caméras et ce qui se passe réellement en coulisses”, renchérit Kathleen Robinson qui campe Kitty O’Neil, bras droit du maire Tom Kane, dans le making of qui suit.
 
 
Apprenant qu’il est atteint d’une maladie dégénérative incurable, lui laissant 3 à 5 ans d’espérance de vie, Kane est saisi par l’urgence de vivre et d’accomplir un certain nombre de projets, y compris sur le plan personnel. En résulte un rôle prenant, hors normes et permettant tous les excès, pour le plus vif plaisir de son interprète principal, Kelsey Grammer, jusqu’ici plutôt abonné aux comédies. Campant avec force l’un de ces “grands malades qui nous gouvernent”, l’acteur a vu sa prestation saluée du Golden Globe 2012 du meilleur acteur dans une série dramatique.
 
Contrairement à “The West Wing”, modèle incontesté du genre, “Boss” propose une vision cynique et désabusée de la politique. Et si la nouvelle production d’Aaran Sorkin (“The Newsroom”) évoque encore la politique par la tangente, c’est au journalisme qu’elle applique cette fois sa cure d’optimisme et d’émulation intellectuelle (cf. note précédente).
KT
(publié le 22.09.2012)