Pour la Saint-Nicolas, c’est aux sériephiles qu’Arte offre les plus beaux cadeaux. Avec la dernière saison de Breaking Bad entamée à 22h40*. Et un documentaire centré sur cette nouvelle addiction mondiale particulièrement développée au pays de l’Oncle Sam: It’s more than tv ! Les nouvelles séries made in USA**. Une exploration proposée à 0h10.
Ce n’est pas un hasard si ce documentaire s’ouvre sur les premières images de “Breaking Bad”, l’une des séries les plus allumées de ces dernières années. Le propos de Christophe Dreher est en effet de montrer à quel point les séries ont évolué au cours de la dernière décennie, dans la foulée de la mèche allumée par HBO avec son slogan “It’s not TV !”. Réputée pour être la chaîne des “histoires complexes, sombres, étranges, HBO a été la première à engager des auteurs aux idées radicales” souligne Tom Fontana (« Borgia »).
Le créateur de Oz se souvient de sa rencontre avec le patron, Chris Albrecht, qui lui a permis de faire ce que personne n’acceptait ailleurs. Une brèche dans laquelle se sont engouffrées toutes les séries atypiques à sa suite : “Les Soprano”, “Deadwood”, “Mad Men”, “The Wire”, “Breaking Bad”,…
« Des séries qui déclinent une histoire sur 50 ou 100 heures et dont la forme narrative rappelle les romans de Balzac, Dickens, Thomas Mann ou Dostoïevski” précise le documentariste.
Premier invité de cette évocation en situation (sur les lieux de tournage de “Treme” et de “Breaking Bad”, dans les salles d’écriture des auteurs), Tom Fontana détaille les libertés qui lui ont été offertes par HBO. De Fontana à David Simon (The Wire), il n’y a qu’un pas que les auteurs ont fait l’un vers l’autre en travaillant, d’abord ensemble, sur la série “Homicide” pour la chaîne NBC. L’occasion de comparer les logiques très différentes qui animent chaînes du câble et grands réseaux. Ne surtout pas choquer, pour les uns, “proposer quelque chose qu’on ne trouvera nulle part ailleurs”, pour les autres.
Rencontrée lors des préparatifs de la saison 3 de Treme, la scénariste Mari Kornhauser souligne les particularités de cette série d’HBO : “chaque épisode est presque comme un film d’Altman. Il y a pas mal de raccourcis, un côté très poétique et un positionnement entre réalité (documentaire) et fiction. Ce sont des séries où le public est actif, reconstituant les interstices.” Une caractéristique qui vaut aussi pour les fidèles de Breaking Bad, bien sûr.
“Traditionnellement, la télé américaine s’intéresse à ce qui ne change pas alors que l’histoire de Breaking Bad est, tout le contraire. C’est celle du changement permanent et même radical” poursuit Vince Gilligan, que l’on suit en tournage et dans son travail d’écriture.
Incomplet et méconnaissant la formidable créativité des Scandinaves ou des Britanniques, ce documentaire semblera sans doute trop généraliste pour les véritables amateurs, mais il reprécise tout de même la chronologie d’un mouvement majeur de la culture populaire, tout en permettant de revoir des images hautement symboliques avec les commentaires de leurs créateurs et de leurs principaux acteurs. Une expédition menée jusqu’en Nouvelle-Orléans qui plaira à tous ceux qui savent que les heures de Treme sont désormais comptées*.
KT
nb1: L’horaire de la soirée a été légèrement revu en raison de l’hommage rendu à Nelson Mandela.
nb2: L’ultime saison de « Treme », entamée dimanche 1er décembre, ne comptera que 5 épisodes.
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