Sa nouvelle série voit la première agent afro-américaine du FBI, campée par Rachel Hilson, tenter de faire tomber le parrain local avec l’aide d’un chauffeur rusé, incarné par Josh Holloway. A voir sur Be tv et HBO Max dès le 16 mai
Jim Ellis (Josh Holloway) roule en Plymouth Duster, un bolide rutilant qui est l’incarnation de son idée du « cool » : orange, vrombissant, toujours partant. L’homme travaille comme chauffeur pour Ezra Saxton (Keith David), patron de la pègre locale. L’arrivée de l’ambitieuse Nina Hayes (Rachel Hilson), en travers de sa route, va le mettre en difficultés.
Première femme noire nommée agent au sein du FBI, Nina est bien décidée à ne laisser aucun homme l’empêcher de mener sa mission à bien : faire tomber Ezra Saxton. Pourtant, en 1972, les obstacles semblent aussi nombreux à l’intérieur qu’à l’extérieur du Bureau, où le racisme n’est même pas dissimulé sous des sourires de façade. Le directeur du Bureau, J. Edgar Hoover “hait les Noirs” (sic) et ne s’en cache pas, la majorité de ses agents ne pense pas autrement. Pour parvenir à ses fins, Nina devra se montrer aussi résiliente que fine stratège, raison pour laquelle elle décide de faire alliance avec Ellis.

Avec Duster, JJ Abrams met le cap sur le sud-ouest des Etats-Unis et le climat brûlant de l’Arizona. Après la trilogie Star Wars, le créateur revient à la série mais délaisse le “high concept” façon Lost, et la science-fiction qui ont longtemps été sa marque de fabrique (Fringe), pour mitonner un polar fleurant bon la recette traditionnelle et roborative, en compagnie de la cocréatrice LaToya Morgan, scénariste et productrice sur The Walking Dead. Au rayon des ingrédients, ils ont soigneusement façonné un autre duo que tout sépare, exceptée la nécessité absolue, qui les tenaille, de se démarquer et prendre leur revanche.
Une Amérique mafieuse, misogyne et raciste
A ma gauche, cheveux longs, look décontracté et sourire en coin, Ellis est un séducteur patenté dont le coeur fond uniquement pour sa nièce Luna, fan de panda. Un rôle que JJ Abrams confie à l’un de ses fidèles compagnons : Josh Holloway, déjà choisi pour endosser le rôle de Sawyer dans Lost.
A ma droite : look soigné, regard d’acier et afro impeccable, Nina est une jeune femme brillante qui a patiemment attendu qu’on lui donne enfin sa chance et ne laissera personne saboter son enquête. Aussi menue que combative et futée, la comédienne Rachel Hilson prouve que le rôle lui va comme un gant.
La conjonction de ces deux énergies crée des étincelles. En résulte un polar riche en action, déployé dans une ambiance fun et pop, portée par une reconstitution soignée des années 70 qui n’exclut pas la parodie. A l’instar de ce générique multipliant les courses-poursuites avec des voitures miniatures sur un circuit acrobatique sorti tout droit de l’enfance.
La nouvelle création en huit épisodes déborde de cascades, délits de fuite et dérapages incontrôlés, ce qui ne l’empêche pas d’aborder des questions plus profondes comme le deuil ou le racisme pesant de l’époque, vu à travers les yeux de Nina, mais aussi de son jeune collègue amérindien, Awan, campé par l’acteur Asivak Koostachin.
La série, réalisée en partie par Steph Green (Run & jump), est portée par une bande-son éclectique et inspirée. Dévoilée lors du festival CanneSeries, elle est proposée sur HBO Max et Be tv, à partir du 16 mai au rythme d’un épisode par semaine jusque début juillet.
Karin Tshidimba
Commentaires récents