Portée par Tomohisa Yamashita (Alice in Borderland) et Fleur Geffrier (Das Boot), la série débute sur France 2 et prépare sa saison 2, attendue sur Apple TV+. La saga offre un écrin d’exception à une passion bien française, tout en se promettant de convaincre de nouveaux adeptes. A voir dès ce lundi à 21h10

Une fillette se promène au cœur des vignes en compagnie de son papa. Suit une dégustation à l’aveugle de fruits et de légumes en tous genres, qu’elle est sommée de reconnaître au plus vite. « Ré-flé-chis », lui dit son père. Camille parcourt sa mémoire olfactive à la recherche du goût ou de la saveur manquante. A la fin de l’exercice, son père s’en va fier et satisfait.

« On sous-estime l’odorat mais une fois qu’on a senti une odeur, on ne l’oublie jamais. » La série permet de visualiser ce credo en donnant accès au labyrinthe mental dans lequel nous rangeons nos souvenirs et les odeurs qui nous ont marqués.

Fleur Geffrier et Tomohisa Yamashita dans la série « Les Gouttes de Dieu » inspirée du célèbre manga.

Vingt ans plus tard, Camille (Fleur Geffrier) se rend à une fête d’anniversaire. Coup de fil de son père, mourant. Installé au Japon depuis de nombreuses années, le spécialiste mondialement reconnu s’apprête à céder sa collection de vins uniques au monde à celui qu’il considère comme son fils spirituel: Issei Tomine (Tomohisa Yamashita), brillant jeune œnologue japonais.

La marque du père

Mais le souvenir de sa fille – au palais et à l’odorat exceptionnels – lui donne l’idée d’une compétition ultime. Trois épreuves, en réalité, qui devront permettre de départager le candidat le plus à même de développer et de veiller sur sa cave exceptionnelle riche de 87 000 bouteilles, soit la plus grande collection privée de vin au monde d’une valeur de 148 millions de dollars. L’occasion pour le père de renouer avec sa fille qu’il n’a plus revue depuis de nombreuses années.

Voilà Camille forcée d’entraîner à nouveau son palais et son nez afin de prouver ses connaissances et son talent en tant que future spécialiste du vin. Malheureusement, un traumatisme ancien l’empêche de boire ne fût-ce qu’une seule goutte d’alcool…

Le célèbre acteur Tomohisa Yamashita dans la série « Les Gouttes de Dieu », l’adaptation du célèbre manga.

« Comme ceux qui ont aimé Le Jeu de la dame sans savoir jouer aux échecs, on doit pouvoir apprécier Les Gouttes de Dieu sans rien connaître au vin… » En précisant cela, le créateur Quoc Dang Tran (Parallèles, Nox), à l’origine de cette transposition du manga originel en série, confirme sa volonté d’ouverture au plus grand nombre, bien au-delà du cercle des connaisseurs et des amateurs de vins. Dans la version sérielle, le vieux maître japonais cède donc la place à un œnologue français, Alexandre Léger (Stanley Weber), dont les guides font autorité.

Des saveurs en images

Dans le manga Kami No Shizuku – 44 tomes écrits par Tadashi Agi et Shu Okimoto, vendus à 1,5 million d’exemplaires en France -, les 12 épreuves imaginées par le spécialiste du vin opposaient deux frères. Dans la série, elles sont ramenées à trois et le personnage principal du manga (Shizuku Kanzaki) cède la place à une jeune femme: Camille Léger. La différence de genre, de culture et de pays d’origine des deux « adversaires » permet d’asseoir le récit d’emblée entre deux pays, deux continents et d’ouvrir le propos à l’international. Tout en observant les différentes façons de percevoir le breuvage d’un continent à l’autre.

Si le manga était réputé très didactique, la série ne l’est pas moins, surtout dans ses premiers épisodes, additionnant les explications et les références. L’optique est très clairement de transmettre la fascination pour la richesse et la fierté patrimoniale française, tout en élargissant l’horizon à la production vinicole mondiale. Avec un petit supplément d’âme bienvenu: dans les moments de dégustation et d’exploration sensorielle – Camille tentant de retrouver dans sa mémoire à quel goût précis ces multiples odeurs et saveurs lui font penser -, la série prend son envol et gagne en liberté de ton et en légèreté, grâce à la réalisation inspirée d’Oded Ruskin (Absentia).

La première saison, présentée en avant-première à Séries Mania, a déjà séduit des millions de curieux et d’épicuriens via la plateforme Apple TV. La deuxième saison, en cours de production, devrait transformer l’essai, à condition que la longueur en bouche du nouveau breuvage se révèle aussi subtile que le laisse espérer sa robe et le rituel précis de la dégustation…

Du roman au réel

Paru entre 2004 et 2014, le succès du manga, publié en France par les éditions Glénat à partir de 2008, a contribué à l’ouverture du marché asiatique au vin européen. Les vignerons cités dans la série ont même connu des pics de commandes pendant plusieurs années. La diffusion de la série s’accompagne d’un jeu sous forme d’énigmes à résoudre sur le site de France.tv.

Karin Tshidimba