La série belge aborde sa troisième et dernière saison avec de nombreuses pistes à suivre et quelques défis de taille à relever. A voir dès ce dimanche sur La Une RTBF et sur Auvio

Ecartée de l’enquête depuis plusieurs mois, Chloé Muller (Stéphanie Blanchoud) reste persuadée de pouvoir retrouver Paul Van Acker, responsable de l’enlèvement de sa soeur Jessica (Pauline Etienne) et de cinq autres jeunes filles. La découverte d’une piste dans le Hainaut remet la police sur la trace de Guy Béranger (Angelo Bison), qui semble avoir bien connu Paul Van Acker, et permet à Chloé de se remettre en selle. Mais quadriller la région s’annonce compliqué, il faudra donc mettre sur pied une opération de police de grande envergure, qui va entraîner Chloé dans de nouveaux décors (Brabant wallon) et au contact de nouveaux partenaires : Douglas Grauwels, Michel De Warzée, Gaëtan Lejeune,…

Pendant ce temps, à l’abbaye, Guy Béranger dissimule ses sombres intentions sous des habits de moine zélé. Le frère Lucas (Clément Manuel) le surveille toujours étroitement, persuadé qu’il suffirait de peu de choses pour qu’il bascule à nouveau. Angelo Bison est toujours aussi impressionnant dans le rôle du psychopathe au regard crépusculaire, prêt à tromper la vigilance de tous.

Le village de Vielsart tente de panser ses plaies, mais Patrick Stassart (Philippe Jeusette), privé de la présence de son fils, peine à remonter la pente. Malgré les visites régulières de son jeune frère Lucas, il s’est mis à boire plus que de raison.

Disparitions et effet boomerang

Dans le rôle de ce père débonnaire, trahi par sa femme, vers lequel tous les regards convergent, le comédien belge Philippe Jeusette déploie toute son humanité. Bien connu des planches belges, il avait fait son entrée dans le monde des séries avec ce rôle d’Ardennais bon vivant, l’un des derniers avant sa disparition le 25 août dernier. Son combat pour retrouver sa place au sein de son village est aussi symbolique de ceux que le malheur assomme par effet boomerang.

Dans cette troisième saison, la série se concentre sur la question des filles disparues et sur leur volonté de s’enfuir et de retrouver leur vie d’avant, ou pas. L’occasion d’explorer le passé de Chloé et de ses parents mais aussi les rêves ou souhaits de Jessica et de ses compagnes d’infortune. A travers elles, les scénaristes abordent toutes les questions que l’affaire Dutroux et ses prolongements (avec la remise en liberté de Michelle Martin) avaient pu susciter au sein de la société belge. Quel accueil pour les victimes, les rescapé(e)s et leur famille ? Quid de la récidive et du suivi psychologique des criminels ? Comment surmonter le traumatisme d’une très longue absence ? La série brille par les questions qu’elle soulève même si elle ne le résout pas ou ne les aborde pas toutes avec la même perspicacité et la même ampleur, faute de temps vraisemblablement.

Au terme de ces 26 épisodes, l’équipe peut toutefois se féliciter du chemin parcouru, même si cela ne s’est pas toujours fait sans heurts ni soubresauts.

A l’image de son générique où apparaissent quelques distorsions sonores et visuelles supplémentaires, chaque plan porte les traces de ce long voyage dans la psyché humaine, par similitude ou par contraste. Les photos brisées offrant un écho aux vies et personnalités fragilisées par ces drames insondables : les meurtres et disparitions d’enfants…

★★★ Ennemi Public Chasse à l’homme Création Matthieu Frances, Antoine Bours, Gilles de Voghel, Christopher Yates Réalisation Matthieu Frances, Gary Seghers Avec Stéphanie Blanchoud, Angelo Bison, Clément Manuel, Pauline Etienne Sur la Une et Auvio Dès le 12 mars (6 x 52’).