Le tournage de la saison 3 d’Ennemi Public se poursuit jusqu’au 8 juillet, principalement dans le Brabant wallon. Nous sommes allés à la rencontre de l’équipe, heureuse de pouvoir apporter un point final à la quête de Chloé


Les murs du salon sont tapissés d’icônes religieuses et de portraits anciens. On jurerait un magasin d’antiquités défraîchies tant les bonbonnières côtoient les bibelots, tapis, coussins et meubles du siècle dernier. Pas dans une version tendance 60’s ou années 80 revisitées, mais plutôt intérieur fané. Cette maison, située à La Hulpe, abrite trois décors différents, tous les trois cruciaux dans le déroulement de la saison 3 d’Ennemi Public, mais en raison des nombreux spoilers potentiels, on n’en dira pas plus.
Malgré la fatigue du tournage entamé le 21 avril dernier, l’équipe est concentrée sur les scènes du jour où l’on croise quelques nouveaux visages aux côtés de celui de Stéphanie Blanchoud, alias Chloé, l’infatigable enquêtrice.
« La saison 3 débute trois mois plus tard. Chloé est toujours flic mais elle n’est pas sur l’enquête pour la raison évidente qu’elle est trop liée à l’une des victimes (sa sœur Jessica, NdlR), mais elle s’en fiche », explique Matthieu Frances, coscénariste et coréalisateur de la série belge. « Cholé continue à faire tout ce qu’elle a légalement le droit de faire en surveillant de près les policiers qui sont toujours sur l’enquête. Elle travaille sans relâche, elle dort quasiment dans sa voiture. On ne voulait pas d’une Chloé qui abandonne, loin de là. Elle a la hargne d’avoir raté sa soeur de si peu en fin de saison 2. »

Photo Ennio Cameriere : tournage de la série « Ennemi public » saison 3

Changement de format: 6 épisodes pour un grand final

Ennemi Public tourne le dernier volet de son triptyque en été, ce qui change complètement la donne après deux saisons tournées en hiver. « Ce tournage décalé cela nous a donné un peu d’air pour terminer les scénarios. Cela change la garde-robe des comédiens, les lumières et l’ambiance d’équipe aussi, finalement. Ce n’était pas forcément inscrit dans l’histoire. Cela a entraîné quelques changements techniques, d’organisation de journée, mais rien de très important », confirme-t-il.
La RTBF souhaitait une saison 3 déclinée en six épisodes. « La série n’avait pas été pensée comme cela. C’est un format de mini-série et on avait beaucoup de personnages, donc cela nous inquiétait. Tout devient plus compliqué et il y a toujours le danger de ne pas assez développer les personnages, de rester trop en surface. A un moment donné, on a fait l’exercice de supprimer énormément de travail d’écriture pour que même sur six épisodes, on ne ressente pas que ce soit trop compressé. On a essayé que cela respire bien, qu’il y ait de l’émotion et du drame » poursuit-il.

Cette demande du nouveau format est tombée pendant l’écriture, cela n’a donc pas facilité les choses. « Et puis, on a eu le décès de l’un de nos comédiens principaux, en mai 2021. On était atterrés et on a dû trouver une solution en 48 heures. Comme l’option de remplacer Vincent Eloy était impossible pour nous, on a préféré trouvé créativement quelque chose de bien. Ce qui nous a permis d’aller ailleurs que ce que le spectateur imaginait et de le surprendre. Il y a pas mal de surprises dans cette saison 3 » confie Matthieu Frances, avec un sourire énigmatique.

Photo Ennio Cameriere : tournage de la série « Ennemi public » saison 3

Changement de cadre et de tonalité

Cette enquête fédérale ouvre à différentes régions autres que l’Ardenne et ses monastères. « On y découvre aussi la maison d’enfance de Chloé qu’on voyait en rêve dans la saison 1. Ce parcours personnel amène une autre couleur dans la série » précise Gary Seghers, coréalisateur de la série.
Il y a beaucoup de nouveaux décors autour de Bruxelles et dans le Brabant wallon. « Cela m’amuse parce que j’ai habité durant une grande partie de mon enfance à Ophain-Bois-Seigneur-Isaac. J’avais beaucoup d’amies à La Hulpe, Braine-L’Alleud et Rixensart, etc. Ce sont vraiment des lieux que je connais très bien. La semaine prochaine, on tourne même dans la rue où j’ai habité de mes 4 à mes 12 ans », s’enthousiasme la comédienne Stéphanie Blanchoud.

« Matthieu avait vraiment envie d’une dernière saison tournée en été, dans une tout autre atmosphère. On est moins dans l’action dans cette saison 3 et moins dans le côté sombre des Ardennes vu en saisons 1 et 2. Il avait sans doute envie de quelque chose de plus lumineux, dans les images, en tout cas » poursuit-elle.
Trois années se sont écoulées depuis la fin de la saison 2, ce qui a pu sembler une éternité pour les fans. « Il y a eu beaucoup d’attentes et de complications (pandémie, réécriture, changement de format) chaque fois mon enthousiasme a été freiné, explique Stéphanie Blanchoud. Mais j’étais très heureuse que la saison 3 se confirme et qu’on puisse boucler la boucle. Quand on retrouve un personnage qu’on connaît, il y a un côté plus détendu, plus confortable et naturel. Ce qui était passionnant c’est que j’ai eu la possibilité d’explorer beaucoup de facettes de Chloé. Et en même temps, il y a toute une partie d’elle qu’on ne connaîtra sans doute jamais. Je trouve cela merveilleux que Chloé garde sa part de mystère… »

Entretiens: Karin Tshidimba