La série australienne The Newsreader, proposée par Arte, convoque le souvenir de quelques séries qui ont mis en lumière, intelligemment, le fonctionnement des rédactions et la pratique du journalisme : The Newsroom, The Hour, The Morning show…
En ce début d’année, Arte propose de se pencher sur les coulisses d’un JT et sur la vie de ceux qui le fabriquent. Un exercice auquel peu de séries s’adonnent, le métier de journaliste restant l’un des plus caricaturaux en fiction. La figure du reporter assoiffé de gloire, qui vendrait père et mère pour un scoop, reste un grand classique de la littérature et du cinéma. Quelques séries se détachent pourtant du lot et se sont plongées dans le magma de l’info pour tenter d’exposer les défis et les contradictions que son traitement entraîne.
Ces dilemmes sont au coeur de la série australienne The Newsreader** créée par le scénariste et producteur Michael Lucas (Offspring, Five Bedrooms) et réalisée par Emma Freeman. On y suit en parallèle l’ascension d’un jeune journaliste, Dale Jennings (Sam Reid) qui rêve de présenter un jour les flashs info en télévision et d’Helen Norville (Anna Torv), une journaliste reconnue mais tourmentée qui souhaiterait développer des sujets humainement et socialement plus ancrés. Tous les deux tentent de concilier les impératifs de l’audience avec le respect de la déontologie et des témoins. Un équilibre d’autant plus difficile à trouver lorsque la jalousie professionnelle s’en mêle et que l’on est soi-même en quête de repères.
Ces thèmes sont aussi au coeur de The Newsroom*** créée par l’excellent scénariste Aaron Sorkin, créateur de The West Wing, modèle de série politique. Jugée tour à tour trop bavarde, caricaturale ou trop idéaliste par certains médias aux Etats-Unis, cette série a surtout été accusée de jouer les donneurs de leçons et les trouble-fête en se centrant sur le rôle citoyen et démocratique de la presse durant trois saisons. Mais lorsque l’on voit l’essor des fake news ou le poids et l’influence des réseaux sociaux dans leur propagation, aujourd’hui, on se dit que ce rappel était et reste bien utile.
Tout aussi fouillée et inspirée, The Hour*** (2013) se penchait sur la naissance du premier magazine d’investigation télévisé britannique en 1956, au moment de l’affaire du Canal de Suez qui failli « déclencher la troisième guerre mondiale », comme on le pensait à l’époque. Une fiction aux allures de thriller portée par le formidable Ben Whishaw, le redoutable Dominic West et la courageuse Romola Garai tentant d’imposer son point de vue de productrice dans ce milieu hautement masculin.
Plus récemment encore, The Morning Show** s’intéressait aux tensions et rivalités créées par la quête insatiable de l’audience, tout en fouillant les mécanismes de la célébrité toxique au sein d’un tandem de matinaliers bien installés. Un duo de journalistes sur lequel plane l’ombre grandissante de la vague #MeToo menaçant de les ensevelir tous les deux, quel que soit leur rôle respectif présumé. Dans les cas d’agressions ou de pressions sexuelles, la question étant toujours : qui savait et n’a (peut-être) rien fait, pour empêcher que la situation perdure ? Portée par Jennifer Aniston, Reese Witherspoon et Steve Carell, la série, créée par Michael Ellenberg et Kerry Ehrin pour AppleTV+, séduit par son analyse pertinente des écueils du journalisme 2.0 et des dessous du show-business.
Autour de la figure du journaliste, on peut encore citer les séries Tokyo Vice, Chimerica, The Code, The Loudest Voice ou, bien sûr, The Wire…
La mini-série The Newsreader** se déroule en 1986 dans les coulisses de l’émission News at Six. Primée 5 fois en Australie, elle compte six épisodes à voir sur Arte, les jeudis soirs ou sur arte.tv. La saison 2 est attendue cette année sur ABC Australie.
Karin Tshidimba
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