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Clichés et quête de vérité à l’heure des fake news: entre Chine et Etats-Unis, un thriller politique britannique qui interroge les rouages de la démocratie et le journalisme d’aujourd’hui. A voir le samedi à 20h30 sur Be Séries

Pointé du doigt à cause d’un montage grossier, le photographe Lee Berger (Alessandro Nivola) se voit forcé de revoir sa pratique. En quête de son honneur et de sa réputation perdue, il imagine un projet fou : retrouver le fameux « homme du char » de la place Tien’anmen qui lui a valu son cliché le plus iconique, diffusé en 1989 dans les journaux à travers le globe. Qu’est devenu le héros de la révolte chinoise, défiant, seul, l’armée et les autorités dans son combat en faveur de la liberté et de la démocratie ? Son histoire et son combat lui ont-ils donné gain de cause ? Et comment est-il vu par la population chinoise aujourd’hui ?

A la fois contraction des noms des deux nations (Chine – Amérique) et référence à une quête illusoire («chimerical» en anglais) ce récit s’inscrit dans les pas d’un photojournaliste qui tente de renouer avec ses jeunes années et ses illusions quelque peu envolées depuis. La série Chimerica*** propose, en parallèle de cette enquête de longue haleine, une réflexion de fond sur le travail des (photo)journalistes à l’heure de la quête du clic à outrance et des fake news. Alors que les médias sont chaque jour plus dénigrés aux Etats-Unis, la comparaison avec la censure pratiquée à un très haut niveau en Chine se révèle en effet pertinente.

Face au Brexit et aux dérives de Donald Trump

Intelligemment, la créatrice de la série, la britannique Lucy Kirkwood place la focale côté chinois autant que côté américain, suivant en cela le parti pris de sa pièce, écrite en 2013, adaptée dans cette mini-série en quatre épisodes produite par Channel 4.
Découverte au festival Séries Mania, l’intrigue principale (la quête du héros de 1989) a été replacée dans le contexte de la campagne de 2016. Elle braque dès lors ses projecteurs sur l’Amérique de Donald Trump et sur le mirage du Brexit, donnant lieu à un exercice d’exégèse géopolitique assez addictif. Chimerica ne peut d’ailleurs cacher ses penchants pour d’autres hérauts politiques croisés notamment dans la série State of Play.

Interrogée par l’hebdomadaire Télérama, Lucy Kirkwood s’est dit très intéressée par ce que la « répression de Tien’anmen dit du contrôle de l’information, du dénigrement des oppositions politiques et de la façon dont le peuple refuse de se laisser asservir » faisant, en cela, écho aux vifs débats en cours dans l’Amérique de Trump. Une analyse d’autant plus actuelle que l’on sait l’ampleur de la bataille pour la suprématie mondiale dans laquelle les deux pays se sont engagés. Et les périls qui menacent la liberté de la presse à travers le globe.

Karin Tshidimba