Adaptée du célèbre jeu vidéo, l’ambitieuse série, signée Neil Druckmann et Craig Mazin, risque de décontenancer les fans de récits survivalistes purs et durs… A voir sur Be tv et sur Prime Video dès le 16/01

Vendredi 26 septembre 2003, en un week-end, une mystérieuse épidémie fait le tour du globe. Partout défilent des images qui pourraient être celles de la dernière pandémie ou de catastrophes climatiques de grande ampleur avec déplacements de population, villes évacuées, pillages et délires survivalistes.
Peu à peu, on découvre la nature du danger : une épidémie mondiale provoquée par la propagation d’un virus parasitaire de la famille des champignons, appelé le cordyceps. Les personnes infectées, transformées en “monstres”, cherchent à en contaminer d’autres.

Vingt ans plus tard, on retrouve Joel (Pedro Pascal) aperçu le premier jour de l’épidémie. En échange de la promesse de disposer du matériel ad hoc pour traverser les États-Unis et retrouver son frère, Joel accepte de convoyer Ellie (Bella Ramsey), une ado rebelle, hors de la zone de quarantaine gérée par la milice des Lucioles.

Avec sa bouille de gamine renfrognée, Ellie toise son accompagnateur forcé comme s’il s’agissait d’un geôlier.
La gamine, sorte de Mademoiselle-je-sais-tout, n’a pas froid aux yeux et est bien décidée à se faire respecter par son coéquipier de fortune. Orpheline têtue, elle l’assomme de questions souvent sans réponse. Tous les deux se jaugent et se méfient, forcés de voyager ensemble sans trop savoir s’ils parviendront au bout du chemin. Lui qui refuse de se laisser attendrir. Elle qui joue la dure à cuire.

Aventure de survie et road-movie

Dans les rôles principaux de The Last of Us***, on croise quelques visages connus : Anna Torv révélée dans la série de science-fiction, Fringe. Pedro Pascal et Bella Ramsay rendus notamment célèbres par leurs personnages dans Game of Thrones ou, encore, dans Narcos et The Mandalorian, pour le premier.

On n’est pas dans Mad Max, on est bien plus proches du western. Les deux créateurs, Neil Druckmann et Craig Mazin (Chernobyl), proposent un mélange de road movie et de film de survie, le tout dans un univers post-apocalyptique hanté par la menace persistante d’attaques de zombies même si, dans les faits, les infectés ne sont pas des morts revenus à la vie. The Last of Us fait le choix d’enrichir son récit en développant l’histoire de certains personnages croisés par le duo. Et des flash-backs sur l’histoire personnelle de Joel et Ellie.

Avec ses épisodes ambitieux d’une longueur variant entre 45 minutes et 1h20, la série risque de décontenancer les fans de zombies et de récits survivalistes purs et durs. La progression du récit est en effet plus lente et nettement moins violente que le jeu originel. La série joue moins sur l’horreur et les combats que sur la tension de la quête et les stratégies de survie. Elle interroge ce qu’on est prêt à faire pour survivre et protéger ceux qu’on aime. Et pose quelques questions de façon lancinante : comment réapprendre à faire confiance après un traumatisme. À quoi sert de survivre, si c’est pour vivre seul ? La série sonde nos rêves, nos envies. Avec de vrais moments de pause et de douceur inattendue où elle reprend le pouls de la vie réelle.

Ressemblances/Divergences

Nul besoin de connaître le jeu vidéo homonyme pour comprendre la série qui en suit la trame plus ou moins librement. Le jeu, véritable modèle du genre salué par la critique, remonte à 2013 et a notamment été inspiré par des films comme La Route, Les Fils de l’homme et la série The Walking Dead.
De Lost à The Walking Dead, on ne compte plus les récits survivalistes en séries façon Revolution multipliant les images post-apocalyptiques de villes désertes ou figées et les récits hantés par le spectre de l’extinction de l’humanité, à l’instar de The Strain signée Guillermo del Toro.
Dans l’étrangeté et la mélancolie du générique, il y a aussi une parenté évidente avec la série True Detective dont le retour est annoncé en 2023 sous la bannière de Jodie Foster.

Si quelques divergences sont notables par rapport au jeu, notamment dans le développement de certains personnages ou le choix du temps présent (2023), les différences les plus importantes concernent le mode de propagation de la pandémie. Un changement nécessaire, selon ses concepteurs, étant donné que la pandémie du Covid-19 nous a habitués à son mode de propagation. Ainsi, pas d’obligation de porter de masque à gaz dans la série. En revanche, “les personnes infectées ne représentent pas une menace isolée mais organisée et même solidaire.” Ce qui les rend d’autant plus redoutables.

★★★ The Last of UsRoad-movie & survieCréation & Réalisation Neil Druckmann et Craig Mazin Musique Gustavo Santaolalla Avec Pedro Pascal, Bella Ramsey, Anna Torv, Gabriel Luna… Sur Be tv Dès le 16/01 (9 x 1h) Un épisode par semaine

Karin Tshidimba