Tendance étrange ou horrifique, prémisses littéraires et coscénarisation signée par Carlton Cuse (l’autre rescapé du binôme Lost): les points communs artistiques entre The Strain* et The Leftovers sont trop nombreux pour relever du pur hasard… La preuve qu’en cette saison 2014, le côté obscur de la force attire de plus en plus de créateurs comme on a déjà pu le constater avec les séries American Horror Story, The Walking Dead, Penny Dreadful, etc.
Tout commence avec un Boeing 777 échoué en bout de piste à l’aéroport JFK (New York), sans qu’aucun signe de vie ne soit détecté à l’intérieur. Le Center for diseases control (CDC) est contacté et le docteur Ephraïm Goodweather, scientifique spécialisé dans les épidémies et les attaques biologiques, arrive sur place pour effectuer les premiers relevés. A l’intérieur de l’avion, il découvre que tous les passagers ont été vidés de leur sang, probablement tués par un étrange virus ou… un être non identifié. Un démarrage qui nous ramène curieusement au tout premier épisode de Fringe.
Reniant la veine romantique façon Vampire diaries, onirique façon True Blood (au début), historique façon Dracula ou enquêtrice façon Buffy, the vampire slayer, The Strain aligne ses personnages assoiffés de sang pour faire de (votre) été, un enfer. Une aventure porteuse de l’ADN du créateur du « Labyrinthe de Pan » et d' »Hellboy » au cinéma, Guillermo del Toro.
Spécialiste de l’horreur, il ajoute à la traditionnelle morsure un mode nettement plus insidieux et pernicieux d’expansion du virus… comme le montr(ai)ent les premières affiches de la série, retirées des panneaux urbains aux Etats-Unis car jugées trop dérangeantes pour le grand public.
Pour mener à bien son ambitieux projet, le réalisateur mexicain s’est adjoint les services de Carlton Cuse (Lost, Bates Motel) qui en connaît un rayon en matière d’angoisse. Coscénariste et réalisateur du pilote de la série, del Toro avait aussi préparé le terrain en compagnie de Chuck Logan, coauteur des trois tomes publiés aux Presses de la Cité: « La Lignée », « La Chute », « La Nuit éternelle ».
Comme The Leftovers, The Strain a en effet une origine littéraire, même si celle-ci a été un peu «forcée». Le but de Guillermo del Toro a en effet toujours été d’en faire une série. Et si cette histoire a été développée en romans, c’était dans le but de convaincre la chaîne FX de miser sur ce récit mêlant horreur et vampires.
Ici, l’ennemi n’est pas tapi au fond d’une éprouvette ou ne doit pas être observé au microscope, comme dans Fringe, mais le personnage principal incarné par Corey Stoll (vu dans House of cards) est tout de même contacté par un vieux sage . En le voyant arriver, on songe forcément au personnage de John Noble, même si la suite est bien différente.
Survivant de l’Holocauste, Abraham Setrakian (David Bradley vu dans « Harry Potter ») affirme savoir comment faire pour contenir cette épidémie qui menace directement la survie de la race humaine. Une façon pour la série de renouer avec les mythes fondateurs du genre (l’aube, la traversée du pont, le cercueil rempli de terre,…) et la question centrale du Bien et du Mal.
Peu de temps après, une première victime innocente (un médecin légiste ni très prudent, ni très sagace) s’inscrit au menu de la nouvelle armée de vampires en train de se former. Il n’est cette fois plus question de virus inconnu mais d’êtres mutants tentant de prendre le dessus sur la race humaine en transformant la terre en réserve géante de nourriture. Ce qui rapproche The Strain de la trame virale de The Walking Dead.
Malgré sa longueur (1h10) ce pilote ne sort pas du schéma classique du film d’horreur. Avec fourberies, trahisons, incrédulité, complots et erreurs humaines manifestes. Sur base de ce seul épisode, les personnages principaux ne brillent pas (encore ?) par leur originalité, mais les amateurs du genre ne doivent sans doute pas désespérer…
KT
nb: Lancée dimanche 13 juillet sur FX, la saison 1 comptera 13 épisodes.
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