Inscrite dans les pas d’Eleanor Roosevelt, Betty Ford et Michelle Obama, la série d’Aaron Cooley dévoile trois figures modernes qui ont bousculé les conventions de leur époque. A voir sur Be1, ce samedi à 20h30

«Je m’intéresse au réel, pas à l’institution» insiste la photographe lorsque Michelle Obama lui demande pourquoi elle ne photographie pas plutôt son mari. Placée en ouverture de The First Lady, cette anecdote éclaire bien les intentions de la série: montrer les hommes et les femmes derrière l’image rutilante de la Première dame et du président tout puissant. Pour ce faire, son concepteur Aaron Cooley a résolu d’entrer le plus possible dans leur quotidien. Et de se faire l’écho de leurs difficultés, leurs réussites et leurs combats dans l’aile la plus discrète de la Maison-Blanche: l’aile Est.

La série est portée par un casting de premier plan: Gillian Anderson se glisse dans les pas d’Eleanor Roosevelt, Michelle Pfeiffer endosse le rôle de Betty Ford tandis que Viola Davis se réinvente en Michelle Obama : trois Premières Dames qui ont traversé des moments clés de l’histoire du pays. Qu’il s’agisse d’affronter la crise des années 30 et la Seconde Guerre mondiale, l’après-Watergate ou l’élection du premier président afro-américain de l’histoire du pays…

Ces trois actrices renommées ont pour partenaires Kiefer Sutherland, dans la peau de Franklin Roosevelt (président de 1933 à 1945), Aaron Eckhart dans le costume de Gérald Ford (1974 à 1977) et O.T. Fagbenle dans le rôle de Barack Obama (2009-2017). À cela s’ajoutent les comédiennes Eliza Scanlen, Kristine Frosteh et Jayme Lawson pour illustrer la jeunesse de ces trois Premières dames. Et dans le rôle des enfants de présidents: Dakota Fanning (Susan Ford), Lexi Underwood et Sanniyya Sidney (Malia et Sasha Obama).

Trois femmes, trois époques, trois styles différents

Eleanor Roosevelt, Betty Ford et Michelle Obama. Trois Premières dames déterminées et progressistes, bien décidées à ne pas faire de la figuration mais à tenir leur rôle en faisant avancer des causes importantes. Ce rôle crucial de proche conseillère a eu une influence directe sur la politique menée par chacun des trois présidents. C’est cette lutte d’avant-garde «parfois oubliée» qui est mise en lumière dans la série. Même si en passant sans cesse d’un destin à l’autre, le récit ne permet pas d’approfondir totalement chaque trajectoire.

Les épisode progressent non pas de façon chronologique mais par regroupements thématiques: les difficultés traversées par chacune dans l’enfance ou à l’âge adulte; la violence et les menaces d’attentat, de Martin Luther King à Obama ; leur rôle durant la campagne, leur attitude lors de l’arrivée à la Maison Blanche,… Un récit jalonné de quelques documents d’archives et de nombreuses reconstitutions et flash-backs à la façon de The Crown, l’idée étant bien la même: dévoiler les coulisses de l’Histoire officielle.

The West Wing nous avait déjà plongé dans les coulisses du pouvoir à la Maison-Blanche, le lieu où les présidents et leur staff préparent et prennent les décisions qui vont influencer l’avenir de tout le pays. The First lady s’installe dans l’aile Est, celle où les Premières Dames ont dû trouver leur marque avant de pouvoir imprimer la leur sur l’histoire de tout un pays.

Excès de zèle

Deux bémols s’imposent. Désireuse d’adopter le phrasé et les attitudes de Michelle Obama au plus près, Viola Davis pêche par excès de zèle et il faut dépasser ses nombreuses mimiques pour arriver à se concentrer sur ses actions et ce qu’elles disent d’elle-même. Gillian Anderson, gênée par son impressionnante prothèse dentaire, ne parvient pas toujours à donner toutes les nuances nécessaires à son jeu même si ce que l’on découvre d’Eleanor Roosevelt passionne.

La plus naturelle des trois est Michèle Pfeiffer dans le rôle de Betty Ford, qui a beaucoup lutté pour les droits des femmes et la transparence en politique afin de rompre avec l’époque Nixon. Reconnaissant sa propre addiction à l’alcool, elle est à l’origine de la création du centre de désintoxication Betty Ford à Palm Springs. Au-delà de ces quelques scories sur la forme, la série reste très intéressante sur le fond et par ce qu’elle révèle des qualités humaines de ces trois femmes inspirantes: détermination, entraide et solidarité.

Karin Tshidimba

The First Lady*** L’autre Histoire Création : Aaron Cooley – Réalisation : Suzanne Bier (The Undoing, The Night Manager– Avec Gillian Anderson, Viola Davis, Michelle Pfeiffer, Kiefer Sutherland, Aaron Eckhart, O.T. Fagbenle, Dakota Fanning – Sur Be tv (10 x 52′).