Suspense, harcèlement entre voisins et horreur « insidieuse » sont au centre de sa nouvelle création pour Netflix, portée par Bobby Cannavale et Naomi Watts.
Un quartier résidentiel haut de gamme dans la banlieue chic de New York, une villa élégante de style colonial, entourée d’un vaste jardin… En la visitant, la famille Brannock a l’impression d’avoir trouvé la maison de ses rêves, un petit coin de paradis. Et ce n’est pas l’ombre fugitive aperçue au fond du jardin qui les fera changer d’avis. Oubliant toute prudence, Dean (Bobby Cannavale) engage toutes ses économies, une bonne partie de son épargne pension et même ses actions : cette maison, il veut l’offrir à sa femme Nora (Naomi Watts) artiste en pleine ascension professionnelle et à ses deux enfants. Six semaines plus tard, lorsqu’ils s’installent, la famille est déroutée par le comportement de ses proches voisins : le couple envahissant Mitch et Mo et le duo frère-soeur (Mia Farrow et Terry Kinney) semblant sorti d’un livre d’Histoire.
Entre les injonctions concernant le monte-plat, véritable témoin patrimonial des grandes maisons américaines et les remarques sur l’entretien du jardin, la situation se tend rapidement et les premières menaces tombent. Pas de quoi effrayer Dean, jusqu’à la première intrusion dans sa maison et la réception d’une première lettre anonyme signée The Watcher (Le Veilleur, celui qui observe en VF). Rapidement, il décide d’appeler la police et d’installer des alarmes.
L’ennemi est dans le murs
Le motif de la nouvelle maison « trop belle pour être honnête », qui se referme comme un piège sur ses nouveaux occupants, est un classique des films d’horreur domestique. Ryan Murphy s’en saisit avec habileté convoquant un joli parterre de comédiens pour donner vie à son histoire. Au fil des jours, l’étau se resserre autour de Dean et de sa famille sans qu’ils parviennent à déterminer d’où vient le danger. Entre jeu de dupes et faux-semblants, tout le monde semble suspect. Peu à peu, le couple a l’impression de perdre pied. La trame est efficace et suffisamment progressive pour s’adresser à un (large) public qui ne serait pas amateur d’horreur pure et dure. L’intérêt est d’autant plus grand que la mini-série est en partie inspirée de faits réels.
Si certaines péripéties ont été inventées afin de corser l’intrigue, la trame de fond est bien réelle : cette histoire de harcèlement entre voisins et de lettres anonymes est inspirée d’une affaire qui a défrayé la chronique en 2014, relatée dans le New York Magazine. Au centre de ce fait-divers : le couple Derek et Maria Broaddus, parents de trois enfants, qui ont rapidement reçu des lettres menaçantes visant leurs enfants et leur prétendue « cupidité » dès le début des travaux entamés dans leur nouvelle maison du New Jersey. Une affaire de harcèlement entre voisins (supposés) qui, dans la réalité, a duré plus de cinq ans et n’a jamais été élucidée… Un mystère suffisamment épais pour inspirer l’insatiable créateur Ryan Murphy et son acolyte Ian Brennan.
Sans réelle surprise, la série s’est classée numéro 1 dès son jour de mise en ligne sur Netflix. A croire que tout ce que touche Ryan Murphy se transforme en or, ou presque. Car sa série Ratched reliée au film Vol au-dessus d’un nid de coucous n’a pas laissé un souvenir impérissable. Après ses nombreux succès avec les séries American Horror Story et la récente Dahmer, dont la qualité laisse pourtant à désirer, le créateur semble bien décidé à s’assurer une voie royale sur la plateforme rouge à laquelle le lie un contrat exceptionnel estimé à 300 millions de dollars pour cinq ans, comprenant à ce jour 5 séries (une 6e est à venir), 3 films et 4 documentaires.
Karin Tshidimba
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