Si la cérémonie de ce 9 janvier 2022 risque de rester gravée dans l’histoire des Golden Globes, les raisons n’en sont pas forcément glorieuses… Jamais, en effet, l’association décernant ces récompenses aux films et séries américaines n’a été autant décriée au cours de son histoire pour manque de sérieux dans son fonctionnement et de crédibilité dans ses choix. Sans public, ni invités, ni tapis rouge, ni diffusion télévisée, la 79e cérémonie des Golden Globes ne ressemblera à aucune autre des éditions précédentes.
Signes forts adressés à l’encontre de l’association : Tom Cruise a renvoyé ses trophées, certaines stars – comme Scarlett Johansson et Mark Ruffalo – l’ont publiquement dénoncée, quant à la chaîne NBC, elle a tout simplement décidé de renoncer à diffuser la cérémonie 2022 tandis que les studios se montraient fermes et menaçants à son encontre. « Nous continuons à croire que la HFPA est déterminée à se réformer de manière significative. Cependant, un changement d’une telle ampleur demande du temps et du travail et nous avons la nette impression que la HFPA a besoin de plus de temps pour faire cela correctement », a expliqué NBC par voie de communiqué. « Par conséquent, NBC ne diffusera pas l’édition 2022 des Golden Globes », a ajouté le diffuseur, soulignant avoir « bon espoir de diffuser la soirée en janvier 2023 » si les organisateurs mettent en oeuvre l’ensemble du programme de réformes annoncé.
Malgré l’intégration de 21 nouveaux membres, l’association est toujours pointée du doigt pour son manque criant de diversité. Et les nominations surprenantes voire décevantes*, annoncées le 13 décembre dernier, n’ont en rien amélioré la réputation de l’événement.
Un fonctionnement opaque et en vase clos
La Hollywood Foreign Press Association, constituée d’une petite centaine de journalistes internationaux, ne semble en effet pas avoir pris la mesure des critiques qui lui étaient adressées, alors même que l’Académie des arts et du cinéma a entrepris de largement se réformer après la polémique des #OscarsSoWhite en 2016. De nombreuses voix se sont notamment élevées pour s’étonner que plusieurs productions majoritairement afro-américaines avaient été snobées par la HFPA, prouvant le manque criant de sensibilité de l’association à l’égard de ces thématiques.
En mai dernier, les membres de l’association ont majoritairement approuvé une série de mesures, parmi lesquelles une augmentation de leur effectif de 50% dans les 18 prochains mois, avec notamment le recrutement de journalistes noirs qui devraient représenter 13% des membres. La HFPA promet également de réformer son système opaque et restrictif régissant les admissions.
Netflix, Amazon Studios et Warner Bros avaient déjà fait savoir qu’ils estimaient que la HFPA n’allait pas suffisamment loin en prévoyant ces réformes, raison de leur désaveu cette année. Pour recouvrer sa crédibilité, la HFPA devra faire taire une bonne fois pour toutes les accusations de corruption, de déconnexion vis-à-vis de la production hollywoodienne et de manque flagrant de diversité.
Karion Tshidimba (avec AFP)
* Scenes from a Marriage snobée, Squid Game et Lupin nommées, plus que d’un regrettable oubli, les nominations ont eu l’apparence d’une farce.
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