La série Atlantic Crossing s’intéresse à la relation complice entretenue par la princesse Martha de Norvège et le président Roosevelt. A voir dès ce mercredi sur Auvio

Atlantic Crossing***  jette un regard neuf sur l’histoire récente des États-Unis. Alexandre Eik y détaille l’histoire vraie de la princesse héritière Martha de Norvège et de l’influence discrète mais persistante qu’elle a eue sur le président Franklin Delano Roosevelt en 1940. Et, singulièrement, sur sa décision d’entrer en guerre alors que les États-Unis étaient restés neutres jusqu’alors. Une « tendre complicité » (sic) entre le Président et la Princesse qui fit jaser jusque dans les hautes sphères (inter)nationales, Roosevelt ayant la réputation d’être sensible au charme féminin.

Cette page d’histoire est retracée dans une production élégante et documentée qui a bénéficié du budget le plus élevé de la télévision scandinave. Les télévisions norvégienne, danoise, finlandaise et suédoise se sont en effet associées au producteur allemand Beta Film (Babylon Berlin) pour faire revivre cette intrigue d’envergure internationale, au fil de huit épisodes tournés en Norvège et en République tchèque.

La Norvège forcée à sortir de la neutralité

L’histoire débute en 1939 lors du voyage du couple princier aux États-Unis, premier jalon du rapprochement avec les époux Roosevelt. Au générique de cette série surnommée par certains le The Crown norvégien en raison de son fondement historique, deux stars internationales : la Suédoise Sofia Helin (révélée dans le thriller transfrontalier Bron) et Kyle MacLachlan (Blue Velvet, Twin Peaks), comédien fétiche de David Lynch. Harriet Sansom Harris (Frasier, Desperate Housewives) campe Eleanor Roosevelt tandis que Tobias Santelmann (Kon Tiki) endosse le rôle du Prince héritier Olav.

Au fil des huit épisodes de la série, on suit la transformation de la princesse timide et effacée en redoutable avocate de sa patrie menacée dès 1940 par les visées hitlériennes sur l’acier norvégien. Tandis que son mari, le Prince héritier Olav, était en exil à Londres aux côtés du Roi, son père, et du cabinet ministériel norvégien, la Princesse Märtha était seule pour maintenir la flamme de la famille royale et veiller sur leurs trois enfants.

D’abord réfugiée en Suède, auprès de ses parents, avant de fuir via l’Atlantique, la Princesse sut profiter de l’oreille attentive du président Roosevelt pour plaider la cause de son pays. Une tâche d’autant plus délicate que Roosevelt, en pleine campagne de réélection, savait pertinemment que ses compatriotes ne voulaient pas entendre parler de cette guerre européenne. Un plaidoyer qu’entreprendront d’autres princesses et souveraines européennes à la même époque, telles la grande-duchesse Charlotte de Luxembourg ou encore la reine Wilhelmine des Pays-Bas.

Des audiences records en Scandinavie

Proposée depuis dimanche aux États-Unis sur la chaîne PBS, la série a été achetée par une quinzaine de pays (Australie, France, Grèce, Italie, Lituanie et Russie), après sa diffusion en Allemagne et Finlande. Preuve de l’intérêt pour cette part d’Histoire méconnue et pour la fiction locale ou européenne, elle a été suivie par près de la moitié de la population en Norvège (43 % de parts de marché). En Suède, elle a atteint 37,5 % de PDM, soit le double de l’audience habituelle de la chaîne SVT. La voici à présent disponible en Belgique sur Auvio.

Proposée en octobre dans le cadre du festival CanneSeries, la série avait été présentée par ses acteurs et créateur ici.

Karin Tshidimba