En huit épisodes, ce récit historique retrace la « tendre amitié » qui a poussé le président Roosevelt à entrer en guerre. La série a été présentée en compétition au festival CanneSéries lundi soir.

C’est une nouvelle exploration de l’histoire récente des États-Unis que propose la série Atlantic Crossing** présentée ce lundi soir en compétition au festival CanneSéries. Alexander Eik y détaille l’histoire vraie de la princesse héritière Märtha de Norvège et de l’influence discrète mais persistante qu’elle a eue sur le président Franklin Roosevelt durant la Seconde Guerre mondiale. Et, singulièrement, sur sa décision d’entrer en guerre alors que les États-Unis étaient restés neutres jusqu’alors.

Une histoire de « tendre complicité » entre le Président et la Princesse qui fit jaser jusque dans les plus hautes sphères nationales et internationales, Roosevelt ayant la réputation d’être très sensible au charme féminin… Une page d’histoire retracée dans une production élégante et documentée qui a bénéficié du budget le plus élevé de la télévision scandinave. Les télévisions norvégienne, danoise, finlandaise et suédoise se sont en effet associées au producteur allemand Beta Film (Babylon Berlin) pour faire revivre cette intrigue historique d’envergure internationale.

Au générique de cette série surnommée le The Crown norvégien, on retrouve deux stars internationales : la Suédoise Sofia Helin (vue dans l’énigmatique thriller transfrontalier Bron) et Kyle MacLachlan (Blue Velvet, Twin Peaks), comédien fétiche de David Lynch.

Au fil des huit épisodes de la série, on suit la transformation de la princesse timide et effacée en redoutable avocate de sa patrie, la Norvège, directement menacée par les bombardements et les visées hitlériennes. Tandis que son mari, le prince héritier Olav, était coincé à Londres, la princesse Märtha était seule pour maintenir la flamme de la famille royale et veiller sur leurs trois enfants.
D’abord réfugiée en Suède, avant de fuir via l’Atlantique, la Princesse sut profiter de l’oreille attentive de Roosevelt pour plaider la cause de son pays et faire entendre la voix de son mari bloqué en Europe. Une tâche d’autant plus ardue que Roosevelt, en pleine campagne de réélection, savait pertinemment que ses électeurs ne voulaient pas entendre parler de cette guerre européenne.

« J’ai surnommé Märtha notre princesse perdue. J’ai découvert son histoire à travers un article. Comme la plupart des Norvégiens, j’ignorais tout de cette histoire et de cette complicité avec Roosevelt » précise le showrunner Alexander Eik. Il lui a fallu sept ans de recherches pour mener à bien ce projet ardu.
« Malgré l’ouverture récente des archives royales, peu de documents ayant appartenu à la Princesse ont été conservés. J’ai retrouvé un télégramme, une lettre, peu de choses, en somme. »

L’attirance manifeste de Roosevelt vis-à-vis de Märtha et la relation ambiguë entretenue par le Président avec sa « conseillère spéciale » sont au cœur de cette fiction qui offre un regard neuf sur le conflit mondial. Un « rôle d’héroïne moderne et de femme qui prend son destin en main » qui a séduit la comédienne Sofia Helin. Elle ignorait tout de cette histoire, mais a « adoré découvrir tous les stratagèmes qu’elle a développés pour tenir éloignés les importuns qui tentaient de profiter de son statut de femme esseulée », souligne l’actrice avec malice.

La force du président malgré les limites de son corps

Nullement effrayé par le défi de « camper un président aussi célèbre », Kyle MacLachlan s’est dit « honoré d’avoir été choisi afin de rentrer dans son costume et son esprit complexe ». Un personnage « fascinant dont j’ai aimé incarner la force et la détermination malgré les limites que lui imposait son corps » touché par les conséquences de la poliomyélite. Quant à « la guerre, c’est une histoire universelle à laquelle chacun peut s’identifier ». Menaces et diplomatie en coulisses font des cinq premiers épisodes déjà découverts, une intrigue passionnante.

La série est assurée d’être diffusée en Allemagne, en Australie, en France, en Grèce, en Italie, en Lituanie et en Russie. Il ne lui reste plus qu’à trouver un diffuseur en Belgique.

Karin Tshidimba