Les défis environnementaux et les menaces venues du Net: deux thématiques qui relient les séries présentées cette semaine au MipCom. Australie, Brésil, Belgique, Corée, Etats-Unis, France, Norvège, Pays-Bas et Russie sont entrés dans l’arène à Cannes.

« Planifier la colonisation de la Lune ou de Mars est un fantasme destiné à nous empêcher de penser au fait que l’hôtel Carlton risque de se retrouver sous les eaux dans 50 ans, si rien n’est fait », a souligné goguenard l’acteur William Shatner, de passage cette semaine à Cannes. Le comédien, rendu célèbre par la série Star Trek, était l’un des invités du MipCom pour y présenter la nouvelle saison de son émission de science-fiction, Into the UnXplained dont 8 épisodes ont déjà été diffusés sur la chaîne History.

Cette « distraction », visant à détourner les citoyens des questions essentielles, n’a pas eu l’impact escompté sur tous les créateurs puisque la problématique environnementale est bien présente au cœur des scénarios de quelques nouvelles fictions annoncées cet automne lors du Marché international des contenus audiovisuels.

Menace énergétique et militants écologistes

C’est le cas de la série Blackout conçue en Belgique avec le soutien de la VRT qui imagine une menace majeure à travers le sabotage d’une centrale nucléaire, assorti d’un chantage au kidnapping sur la personne de la fille de la Première ministre belge. Coproduite par Lagardère Studios et créée par Philippe De Schepper, Bas Adriansen et Geert Verbank, la série sera à découvrir en novembre sur Een.

La plus militante de toutes est sans conteste la série brésilienne Aruanas qui suit quatre jeunes femmes dans leur combat en faveur de la préservation de la forêt amazonienne et met en lumière le travail des ONG sur place, notamment face au danger que représentent de nombreux projets miniers. Vingt d’entre elles, dont Amnesty International, Greenpeace et WWF Brésil, sont d’ailleurs étroitement associées au projet.

Même les plus jeunes sont concernés avec la série SeaBelievers, animation américano-coréenne (52 x 11 minutes) dont la production, via CGI Animation, démarrera début 2020. Et vise à permettre aux enfants de 4 à 7 ans de mieux comprendre les problèmes environnementaux *.

À l’autre bout du spectre, ce sont les séries mettant en exergue les dérives de la technologie et l’impact négatif des réseaux sociaux sur nos vies privées qui font le plus parler d’elles avec notamment nombre de fictions abordant le harcèlement en ligne des adolescent(e)s.

Cyberharcèlement des ados et censure du net

Avec quatre projets venant d’Australie (The Hunting), de France (Stalk), de Norvège (Nudes) et des Pays-Bas (High School Slut), il est manifeste que les craintes du public et les dérives constatées dans les collèges, clubs de sport et lycées du monde entier ont pris de l’ampleur à travers le globe. De quoi figurer, en tout cas, parmi les tendances mises en exergue par l’agence The Wit lors de sa traditionnelle conférence au MipCom.

Argentine, Chine, Japon, Russie : quatre nations, quatre territoires de créations audiovisuelles bien distincts mis en valeur cette année à Cannes, qui ont pu démontrer leur vitalité durant ces quatre jours de marché, notamment via les nombreux « market screenings » organisés. À l’heure de la multiplication des plateformes et de l’adaptation des formats, les programmes voyagent de plus en plus facilement sur la scène internationale.

Même les Russes s’y mettent, inspirés par la mise en place prévue cet automne, d’une loi visant à imposer un Internet souverain qui permettra au Kremlin de couper le pays du World Wide Web. La série Internyet, The Kremlin’s war on the internet explore sans ciller l’évolution de l’Internet russe à travers les âges, du libéralisme des années 90 aux tentatives de censure du temps présent. Un projet audacieux porté par Current Time.

Karin Tshidimba, à Cannes

nb: Une question qu’aborde aussi à sa manière, parfois maladroite mais avant tout solidaire, la série de SF La Dernière vague qui débute lundi soir sur France 2. Les scénaristes Raphaëlle Roudaut et Alexis Le Sec et le réalisateur Rodolphe Tissot y sondent les défis écologiques à relever dans une petite station balnéaire des Landes.