La délégation belge envoyée au Festival Séries Mania a fait son entrée à Lille sous un soleil triomphant. Une façon de souligner l’embellie constatée dans le secteur audiovisuel francophone depuis 5 ans ? On n’ira pas jusqu’à le prétendre et pourtant…
Peu auraient sans doute parié sur un tel succès lorsqu’en juillet 2013, la RTBF et la Fédération Wallonie Bruxelles (FWB) ont annoncé leur intention d’investir dans le développement de séries 100 % belges.
Cinq ans plus tard, le bilan est éloquent : 5 séries ont été diffusées, 3 autres sont en post-production et 16 séries sont en développement. « On n’est pas encore au stade des quatre séries en prime time promises chaque année, mais on s’en approche », a souligné Sylvie Coquart-Morel, responsable de la Fiction à la RTBF. Pas mal pour un petit territoire qui, jusqu’ici, ne jurait que par le cinéma et qui a donc opéré une véritable révolution.
L’attrait manifeste des séries
« Le contexte fait qu’aujourd’hui tout le monde est baigné dans les séries et donc, il y a de plus en plus de réalisateurs de cinéma qui commencent à y réfléchir », analyse Jeanne Brunfaut de la Fédération Wallonie-Bruxelles, à l’issue de la présentation faite ce jeudi à Lille.
« Et même si certains ne travailleront pas forcément dans le cadre du Fonds des séries belges, ils imagineront peut-être de se lancer dans un projet de série plus ambitieuse en dehors du Fonds. »
En Belgique comme ailleurs, l’image même de la télévision a vraiment changé grâce à l’essor des séries.
« C’est ce qu’on constate aussi dans les écoles de cinéma comme l’IAD ou l’Insas, par exemple. Le retour des étudiants est beaucoup plus proactif qu’il y a 5 ans. Avant, les possibilités de bosser n’étaient pas très diversifiées à côté du cinéma d’auteur alors qu’aujourd’hui, ils voient qu’ils peuvent faire du web, de la série, du podcast, il y a bien plus de directions à explorer qui n’étaient pas forcément encouragées avant.
A l’Insas comme à l’IAD, il y a une partie des cours qui est dévolue aux séries. Cela devient un processus intégré. Comme dans les séries, on travaille en équipe, la longue période où l’auteur était seul face à son projet dans sa chambre de bonne a vécu. Les gens s’entourent beaucoup plus vite, vont chercher des coachs, des script doctors, etc. pour avoir un autre point de vue sur leur travail. » C’est l’un des effets de l’envol des séries télévisées.
Les grands esprits se rencontrent
L’autre effet positif est le rapprochement entre créateurs du Nord et du Sud du pays.
On a connu une première équipe bilingue avec Unité 42: scénaristes francophones et réalisateurs flamands.
Un autre projet a été présenté à Lille qui bénéficiera du savoir-faire de Kaat Beels et Nathalie Basteyns, remarquées à l’international avec leur série Beau Séjour: la série Fils de, présentée durant la Copro-pitching session de Séries Mania sous son titre à l’international: Inheritance (photo).
« Ca a été une nécessité de recruter des réalisateurs flamands. On n’a pas encore suffisamment de réalisateurs auxquels on peut confier une série de dix épisodes. On a eu de la chance avec nos deux premiers projets : La Trêve et Ennemi Public qui étaient des ovnis avec des équipes qui assurent à la fois l’écriture et la réalisation. Tout a fonctionné du premier coup alors qu’ils n’avaient jamais ni écrit ni réalisé de séries. Mais cela ne peut pas se reproduire à l’infini. D’où l’idée d’aller chercher ces talents en Flandre d’autant qu’ils ont une efficacité qu’on va encore mettre quelques années à acquérir car ils produisent de séries depuis bien plus longtemps que nous. »
Un état des lieux confirmé par les nombreuses nouveautés flamandes présentées ce jeudi à Lille devant une salle pleine: la saison 2 de Beau Séjour et la saison 3 de Professor T ainsi que huit nouveautés: Albatros, Blackout, Floodland, GR5, Over Water, Sense of Tumour, The Twelve et Undercover, dont nous avons déjà parlé lors de sa présentation à CanneSéries.
Côté francophones: les trailers des séries Champion, Social Killers et Warning ont été présentés comme annoncé, ainsi que les pitchs de trois nouveautés: Pandora, Inheritance (Fils de) et Baraki.
« Cette collaboration, c’est tout bénéfice: nous apprenons plus vite et eux, voient que nous avons une grande habitude de l’ouverture vers l’étranger et de la coproduction. Avec la France, notamment. Car nous n’avons jamais beaucoup travaillé en vase clos, contrairement à ce que font les Flamands. On l’a vu en venant vers Lille ensemble en bus, les discussions ont pris facilement entre créateurs francophones et flamands. On voudrait vraiment encourager aussi une coécriture, peut-être en dehors du Fonds, avec des budgets plus conséquents », poursuit Jeanne Brunfaut.
A croire que ce n’est que le début de l’embellie…
Karin Tshidimba, à Lille
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