Canal démontre une fois encore sa maîtrise des rouages des thrillers politiques avec la série « Les Sauvages », adaptée de la quadrilogie de Sabri Louatah, portée par l’impeccable Roschdy Zem. Six épisodes électrisants à ne pas rater sur Be Séries

La série Les Sauvages*** a été longuement applaudie à l’issue de la projection de son premier épisode en prélude de la clôture du Festival de la Fiction de La Rochelle. L’équipe y était emmenée par sa réalisatrice Rebecca Zlotowski et le rappeur Sofiane Zermani, fraîchement rentrés du Festival de Toronto où la nouvelle Création originale de Canal était projetée en avant-première mondiale. Preuve supplémentaire de l’attente suscitée par le projet d’adaptation de la fameuse saga littéraire de Sabri Louatah.

Avec son intrigue explosive et son ancrage dans un paysage politique français plus morcelé que jamais, la série avait largement de quoi attirer les regards. En six épisodes, on y suit le destin d’Idder Chaouch, campé par Roschdy Zem, candidat à la présidentielle française face à l’élu conservateur sortant.

D’origine algérienne, Chaouch doit batailler ferme car il est rejeté à la fois par une frange de l’électorat français et par une partie de la communauté algérienne, jugeant qu’il est « devenu trop français ». Dans les dernières heures de la campagne, la tension est palpable dans le camp du nouveau candidat qui s’attend à tous les coups bas. Au soir de l’élection, l’espoir s’effondre : Idder Chaouch est victime d’un attentat. Les cinq épisodes suivants s’attachent à mesurer les répercussions de l’événement sur la vie privée de sa famille et de ses proches collaborateurs ainsi que son impact dans la société française.

Si le format de six épisodes oblige à quelques raccourcis moins inspirés, Roschdy Zem est ultraconvaincant dans son costume de candidat posé, économiste progressiste et homme politique charismatique à la sauce Obama, souriant aux côtés de sa femme Daria (impériale Amira Casar), cheffe d’orchestre passionnée, qui aimerait être tenue éloignée des affres de la politique.

À la fois saga familiale et thriller politique, elle est portée par une brochette de comédiens saisissants : Marina Foïs en responsable de la sécurité du candidat ; Shaïn Boumedine révélé par le film Mektoub my love ; le rappeur Sofiane Zermani, Dali Benssalah (attendu dans le prochain James Bond) et Iliès Kadri qui portent avec sensibilité et retenue des thèmes forcément polémiques : laïcité, fraternité et radicalisation. Car si l’attentat plonge la société française dans la stupeur, il déchire surtout une famille tiraillée entre deux frères « ennemis »: Nazir, délinquant soupçonné de radicalisation et Fouad, jeune comédien star d’un feuilleton populaire, compagnon de la fille du président Chaouch.

Par son côté âpre et exigeant, la série s’inscrit dans la lignée du Bureau des Légendes et de Baron Noir et entretient notre fascination pour les dessous du pouvoir développée de The West Wing jusqu’à House of Cards. Malgré sa noirceur et sa trame sociale exigeante, la série a suscité 3,5 millions de visionnages en deux semaines à peine sur Canal.

Cette plongée dans les eaux troubles de la société française est à suivre sans hésiter sur Be tv.

Karin Tshidimba