A l’heure de la concurrence des plateformes internationales, il est déconseillé de produire en vase clos. Quelque 2200 professionnels (comédien(ne)s, scénaristes, producteurs(trices) et diffuseurs) viennent fourbir leurs armes à La Rochelle.

Chaque année, l’ensemble des chaînes françaises investit un total de 534 millions d’euros dans la fiction. Si la part d’adaptations y reste élevée (60 % en moyenne contre 35 % dans le reste du monde, selon le CNC*) rien n’exclut que davantage de créations originales investissent les écrans et pas seulement via des unitaires engagés (sur la violence faite aux femmes, la maltraitance d’enfants, etc.) ou via des chaînes comme Canal+ et Arte.

Alors que le Rendez-Vous de Biarritz révélait, hier, les bons chiffres de l’exportation des productions françaises, il est impératif pour l’Hexagone de continuer à développer ses ventes à l’étranger. En 2018, le montant de l’exportation de programmes audiovisuels français (incluant préventes internationales et coproductions étrangères) atteint près de 276 M€. Le total des ventes représente plus de 173 M€. Animation et Fiction restent les meilleurs ambassadeurs de la production française qui a multiplié par trois ses ventes de programmes audiovisuels à l’international en 25 ans.

Produire plus vite, plus ambitieux

Pour maintenir voire dépasser ce cap, il importe de « produire plus vite, plus ambitieux, plus ciblé », mais aussi de diffuser de façon plus flexible… Tous ces enjeux affrontés par la profession (2200 professionnels étaient présents en 2018) seront au coeur des discussions menées dans le cadre du Festival de la Fiction TV de la Rochelle où comédien(ne)s, scénaristes, producteurs(trices) et diffuseurs se donnent rendez-vous durant quatre jours, du 11 au 15 septembre.

Une occasion pour le public (35 000 spectateurs étaient présents en salle en 2018) de croiser les stars de ses fictions préférées (Les Petits meurtres d’Agatha Christie, Plus belle la vie, Demain nous appartient, etc.) mais aussi de découvrir les nouveautés prêtes à déferler sur nos écrans dans les prochaines semaines : sur 43 oeuvres présentées en compétition, 26 sont françaises, 12 sont européennes et 5 sont francophones étrangères.

Côté séries, les attentes sont élevées avec L’agent immobilier, porté par Mathieu Amalric et Eddy Mitchell pour Arte; Faites des gosses, avec Amelle Chahbi et Fred Testot pour France 2; TF1 et le thriller Pour Sarah, ou M6 et sa série carcérale Prise au piège.
En marge de la compétition, le festival proposera aussi quelques avant-premières:
Le Bazar de la charité, drame parisien en costumes de TF1 et Netflix, et Laetitia réalisée par François-Xavier de Lestrade (3x Manon), pour France Télévisions, sur le meurtre d’une adolescente près de Pornic en 2011. Canal+ présentera aussi Les Sauvages de Rebecca Zlotowski, adaptée du best-seller de Sabri Louatah, avec Marina Foïs et Roschdy Zem (photo).

Une mue nécessaire et programmée

Le jury, présidé par la comédienne Valérie Karsenti (Scènes de Ménages, photo), réunit entre autres le compositeur Alex Beaupain, la réalisatrice Isabelle Czajka (La vie domestique), la comédienne Elodie Frenck (Les Petits meurtres), la scénariste Marie Roussin (Un village français), le producteur Sydney Gallonde et François Tron de la RTBF. Ensemble, ils décerneront 15 prix.

Le Festival permettra aussi de découvrir les impulsions que le ministère français de la Culture souhaite donner au secteur secoué par la concurrence féroce des plateformes internationales : Franck Riester prendra en effet part au grand débat organisé vendredi matin. Autant de rendez-vous et d’opportunités d’assurer l’engouement autour de la Fiction française sur et en dehors de son territoire national afin qu’elle poursuive sa mue et que davantage de visages et de thématiques neuves soient célébré(e)s chaque année en septembre à La Rochelle.

Karin Tshidimba, à La Rochelle

* Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC)