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Adaptée du roman de Delphine de Vigan, la série “Les enfants sont rois” sonde l’envers du phénomène des enfants-influenceurs et leur environnement familial problématique. Six épisodes à voir sur Disney+

Kimmy (Vittoria Andreoli) a disparu. La fillette de 5 ans jouait au bas de son immeuble lorsqu’elle est montée à bord d’une voiture rouge et, depuis, plus personne ne l’a vue ou n’a reçu de ses nouvelles. Ce que l’inspectrice Sara Roussel (Géraldine Nakache) ignore, en arrivant sur place, c’est que la fillette est une star de la toile avec 5 millions d’abonnés et 700 000 vues minimum à chaque vidéo postée. Sa disparition devient donc rapidement un enjeu médiatique très compliqué à gérer pour la police et les proches.

La série, comme le livre dont elle s’inspire, explore le phénomène des enfants-influenceurs, révélant les fragilités et les failles narcissiques de certains géniteurs ainsi que les mirages de la célébrité auxquels il leur semble parfois très difficile de résister. Librement adaptée du roman de Delphine de Vigan, publié en 2021 chez Gallimard, elle a fait l’ouverture du Festival de la Fiction TV de La Rochelle, en septembre dernier.

Panayotis Pascot, Géraldine Nakache, Oussama Kheddam et India Hair: une équipe de flics soudés pour retrouver la petite Kimmy.

Une Amie dévouée, It’s Florida, man !, Culte, The Curse, Les Enfants sont rois : il est décidément beaucoup question de téléréalité, de réseaux sociaux et de quête de célébrité dans les séries du moment. Une célébrité qui pousse les personnes à se mettre en danger, comme dans It’s Florida, man ! ou The Curse, ou à pourrir leurs relations personnelles et à s’exposer à de sérieux retours de manivelle, comme dans la série Culte qui explore les dessous du phénomène Loft Story.

Avec Les Enfants sont rois, on franchit encore un cap supplémentaire puisque l’objet/sujet de toutes les attentions est une fillette de 5 ans, devenue star des réseaux sociaux grâce à sa propre chaîne YouTube, Happy Récré, gérée de mains de maître par ses deux parents.

La série « Les Enfants sont rois », adaptée du livre de Delphine de Vigan, est à suivre dès le 23 octobre sur Disney+.

Dans le rôle de la mère toxique, complètement désinhibée et foncièrement manipulatrice, Doria Tillier (La Belle Epoque) joue une partition quasiment sans faute, laissant entrevoir les abîmes émotionnels dans lesquels Mélanie tente de surnager face à son fils et à son mari (Sébastien Pouderoux), remplis de sollicitude mais souvent désemparés. L’actrice parvient à rendre énigmatique et, par moments, touchante cette mère en quête de reconnaissance qui instrumentalise la popularité de sa fille.

Mur d’écrans et parents toxiques

Malgré un sujet hautement interpellant, la série évite le glauque, grâce à une équipe d’enquêteurs très humains et contrastés, campés par India Hair (Les Barbares) et Panayotis Pascot (De Grâce). Et à des scènes ensoleillées et emplies de couleurs, à l’image de l’univers rose bonbon, faussement idyllique, dans lequel évolue la petite Kimmy, devenue star de la toile dès 4 ans. Les créateurs Judith Havas, Victor Rodenbach et Benjamin Adam cherchent visiblement à s’adresser au plus grand nombre, en pointant les comportements problématiques de nombreux parents, préférant filmer leur progéniture plutôt que de les laisser vivre tranquillement leurs aventures entre enfants ou de jouer avec eux.

Si la série exploite un certain nombre de ficelles connues – une enquêtrice au passé traumatique (Géraldine Nakache), un partenaire compréhensif, mais débordé (Oussama Kheddam), des fausses pistes en pagaille –, elle a le mérite de mettre en lumière un phénomène qui s’auto-alimente et engendre souvent le pire : jalousies, insultes, harcèlement sans que l’on sache si le jeu en vaut vraiment la chandelle. Chacun aura d’ailleurs sa propre opinion sur la question.

Karin Tshidimba