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boardwalk.jpgDemain soir, Be tv entame le deuxième volet de la saga historico-mafieuse d’Atlantic city, cité balnéaire devenue célèbre dans les années 20, au temps de la Prohibition. 
Dans Boardwalk Empire***, Terence Winter revisite avec brio cette période-clé de l’Histoire des Etats-Unis peuplée de personnalités énigmatiques: Nucky Thompson, Lucky Luciano, Arnold Rothstein, Al Capone. 
Pour ceux qui l’auraient ratée ou voudraient se rafraîchir la mémoire, voici une vis
ite guidée au coeur de la pègre, entre alcool frelaté, magouilles politiques et années folles…

Saison 1
Un homme, une ville, une époque. Marchant sur les traces de « Mad Men » ou « Les Tudor », avant elle, « Boardwalk Empire », série produite par Martin Scorsese, permet de revisiter une tranche de l’histoire du Nouveau Continent. Celle où la Prohibition fit sortir de l’ombre des hommes qui ne demandaient qu’à s’enrichir et à vivre un éternel Mardi Gras.

La ville d’Atlantic city étant devenue l’épicentre du trafic de l’alcool dans les années 20, Terence Winter, co-créateur de la série, a choisi d’y planter ses caméras et d’y ranimer une figure de légende, rebaptisée Enoch « Nucky » Thompson. Trésorier de la ville et homme politique influent, il régnait sur tout ce que la cité balnéaire comptait de filles légères et de mauvais garçons.
Escroc en col blanc, paradant le plus souvent en costume trois pièces, Nucky a toujours su s’allier les suffrages de la bonne société républicaine, à grands renforts de fêtes somptueuses, d’actions (pas uniquement) caritatives et de pourboires impressionnants.

La pègre, les jolies filles et les mauvais garçons : voilà un tiercé gagnant auquel tant le maître Scorsese que l’élève Winter se sont abonnés. Le second, ex-scénariste des « Soprano », a en effet trouvé en Steve Buscemi (Nucky Thompson), un parrain en puissance qui fait mine de s’ignorer. Car, une fois le « Volstead Act » promulgué (le 16 janvier), il n’est plus possible de faire machine arrière, les gains à portée de main étant bien trop tentants pour seulement y songer.
A la façon d’un Tony Soprano qui hésite et y va un peu à reculons, Nucky se cache dans cette première saison derrière l’efficacité de ses hommes de main. Mais avec l’appétit vorace des Arnold Rothstein, Lucky Luciano, et autres Al Capone, il va être de plus en plus compliqué de garder les mains propres.

Marqué, dès la scène d’ouverture, du sceau de la qualité HBO, « Boardwalk empire » déroule ses douze épisodes avec une sorte de classe, nimbée de mystère même dans les épisodes les plus rudes. Peinture soignée d’une époque, qui fait encore rêver certains malfrats par son faste, son audace et ses magouilles inouïes, « Boardwalk Empire » dépasse largement les clichés : alcool, flingues et petites pépées. Inspirée du livre de Nelson Johnson, descendant du célèbre malfrat Nucky Johnson, la série n’oublie pas les combats de la société de l’époque : le vote et l’émancipation des femmes, les revendications sociales des Afro-Américains et les rêves caressés par les nombreux émigrants (Italiens, Juifs, Irlandais).

Creusant le terreau politique de l’époque, « Boardwalk Empire » s’intéresse autant aux politiciens qu’aux policiers lancés dans une course effrénée contre la corruption endémique. Dressant le portrait d’une société en pleine révolution économique, morale et sociale.
Mentions spéciales pour Michael Pitt (Jimmy Darmody) et Kelly MacDonald (la jeune et jolie veuve, Margaret Schroeder) interprétant des personnages à l’intrigante épaisseur, fragiles funambules cherchant à garder leur équilibre sur le fil que leur tend l’insaisissable Nucky.

KT
(publié en février 2012)

Boardwalk Empire. Drame historique de Martin Scorsese et Terence Winter, avec Steve Buscemi, Michael Pitt, Kelly MacDonald, Michael Shannon. Diffuseur: HBO. 36 épisodes en production. Début: septembre 2010.