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Sa nouvelle série partage avec Girls sa prédilection pour les anti-héroïnes paumées et le traitement sans fard des échecs, espoirs et égarements d’une partie de la jeunesse trentenaire. Dix épisodes à découvrir sur Netflix

Des histoires crues, des personnages complètement largués, des situations maladroites et gênantes : dans Too Much, sa nouvelle création, on retrouve toutes les caractéristiques de l’univers exploré dans Girls, la série qui a rendu Lena Dunham mondialement célèbre. On y suivait un quatuor féminin en quête de reconnaissance dans son difficile passage vers l’âge adulte. Six saisons (2012-2017), reflets des mœurs et désillusions de toute une génération, rompant aussi avec la vision lisse et compassée des relations féminines. Un ton franc et direct marquant un véritable tournant dans le monde des séries, même si la créatrice est depuis revenue à ses premières amours cinématographiques avec un long métrage dramatique, Treasure, présenté en compétition au Festival de Berlin.

Sa nouvelle série suit les déambulations de Jessica (Megan Stalter), tentant d’oublier son chagrin depuis la rupture avec son ex, désormais en couple avec une mannequin / influenceuse que Jessica ne parvient pas à détester. Une façon très frontale de continuer à questionner les injonctions adressées aux femmes toutes générations confondues : « sois jeune, sexy et branchée, mange bio et prends soin de toi ».

Megan Stalter et Will Sharpe, le duo au coeur de la nouvelle séri de Lena Dunham, « Too Much ».

Entre Instagram et Jane Austen

Lena Dunham met donc en scène la désarmante Megan Stalter (l’humoriste révélée dans Hacks), flanquée d’Astrid son chien sans poil hideux, dans sa tentative de se réinventer à Londres. Car quitte à rêver de vivre dans une comédie romantique façon Jane Austen, autant s’expatrier en Grande-Bretagne, non ? Le raccourci peut sembler simpliste et osé, mais il permet à la jeune femme de croiser la route d’un jeune chanteur un peu paumé, Félix (Will Sharpe découvert dans The White Lotus et le film Emmanuelle) dont elle va rapidement se rapprocher…

Cette histoire est en grande partie inspirée de la rencontre de Dunham, alors en pleine dépression, avec celui qui est devenu son mari, le musicien Luis Felber, qui cosigne d’ailleurs cette série retraçant en grande partie leur rencontre à un moment de grande vulnérabilité commune.

Too Much** organise la collision entre plusieurs névroses, des rencontres improbables et une série de rêves impossibles, révélant au passage des personnalités déjantées mais plutôt attachantes avec un casting de premier plan : Naomi Watts, Andrew Scott, Kit Harington, Stephen Fry, Jessica Alba et même Adèle Exarchopoulos.

Cette fois, Lena Duham ne tient pas le premier rôle de son récit, laissant la place à une comédienne pleine d’énergie et d’autodérision. Elle apparaît toutefois dans un rôle secondaire, au coeur de trois générations de femmes dépressives et complètement paumées parlant ensemble de leurs échecs sentimentaux sans aucune retenue. S’assurant au passage que la série tienne parfaitement la promesse de son titre. Pas sûr que cette série vous remonte le moral, si vous êtes en pleine période de doute ou alors, seulement par comparaison, en vous démontrant que l’herbe n’est vraiment pas plus verte ailleurs…

Karin Tshidimba