La première série espagnole produite par HBO enquête sur une double disparition près d’une base militaire américaine dans un contexte de grande ferveur religieuse à l’approche de la fête de Pâques. A voir sur HBO Max
Une riche procession religieuse s’étire dans les rues alanguies sous le soleil en ce jour de dimanche des rameaux. Alors que la ferveur est générale et qu’une voix accompagne la progression du cortège, un tambourineur est pris de frénésie. Soudain, l’un des porteurs de la chasse mariale tombe à genoux et verse des larmes de sang tandis qu’il voit plusieurs pénitents munis de cierges s’élever dans les cieux.
Visiblement, ces hallucinations ne sont pas une manifestation de sa profonde piété, mais elles seraient dues aux effets secondaires d’une nouvelle drogue qui fait des ravages jusque dans les recoins de la campagne espagnole.
A chacun son code d’honneur
C’est un curieux mélange que propose la série When no one sees us, premier projet hispanique produit par HBO. Entre spiritualité orientale et ferveur religieuse ibérique, la série dessine des circonvolutions elliptiques sujettes à multiples interprétations. Dans un premier temps, on pense forcément aux images très fortes imprimées dans nos esprits par la série La Mesias. Mais la vérité pourrait tout aussi bien être ailleurs comme le suggère la disparition inquiétante d’un militaire américain…

L’intrigue s’inscrit en effet dans l’ombre d’une importante base militaire installée dans la campagne andalouse, non loin de Séville. Il s’agit de l’une des plus importantes bases US à l’étranger. C’est de ce choc culturel, entre villageois et soldats, que découle le caractère international de la série. Un choc d’autant plus grand que l’intrigue se déroule durant la semaine sainte sur une terre farouchement catholique. Mais les influences extérieures ne s’arrêtent pas là…
Les premières images nous ont fait découvrir un homme athlétique en kimono blanc, muni d’un sabre soigneusement aiguisé (pour se faire hara-kiri) dans un patio aux allures japonisantes. Un décor qui contraste forcément avec celui des maisons environnantes de la petite ville de Morón de la Frontera.
Deux femmes face à l’autorité
Le sergent Lucia Gutierrez (Maribel Verdu vue dans Blancanieves), membre de la Guardia civil, est chargée d’enquêter sur le suicide d’Antonio Jimenez, enseignant connu de tous comme un homme calme et charmant. Au même moment, le lieutenant Magaly Castillo (Mariela Garriga vue dans la série CSI et dans Mission: impossible – Dead Reckoning Part One), du Bureau d’investigation des forces armées américaines, tente de découvrir les causes de la disparition du sergent Miles Johnson. L’homme est expert en cyber sécurité, sa disparition est donc doublement inquiétante aux yeux de l’armée.
Le contexte religieux rend ces deux enquêtes très particulières. Tout comme les deux enquêtrices qui tentent de découvrir la vérité sur les deux disparus. Rigides et inflexibles dans un milieu très masculin qui ne leur pardonnera pas le moindre faux pas, Gutteriez et Castillo sont également aux prises avec d’importants problèmes personnels. La première est en guerre ouverte avec sa fille unique, adolescente rebelle et fugueuse, tandis que le lieutenant Castillo est prisonnière d’une attitude de raideur morale et de suspicion généralisée qui ne lui autorise aucun relâchement..
Récit à infusion lente, qui doit beaucoup à son contexte spirituel et géopolitique, , When No One Sees Us** propose une série de destins et de portraits humains dessinés avec soin, sur fond d’enjeux résolument originaux.
Cette double enquête est baignée d’un soleil généreux, dans un décor plus vrai que nature. Quant à l’arène criminelle, elle est d’autant plus fascinante que les personnes la peuplant sont plus riches et denses que le mystère qui l’a placée sous les projecteurs de la justice…
Karin Tshidimba
When No One Sees Us Ferveur et disparition Création Daniel Corpas, Isa Sanchez, Arturo Ruiz, d’après le roman de Sergio Sarria Réalisation Enrique Urbizu Avec Maribel Verdu, Mariella Garriga, Ben Temple, Austin Amelio,… Sur HBO Max 8 x 45’
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