Cette série sans artifices relate l’histoire vraie d’une adolescente forcée de grandir très vite pour échapper aux griffes de son beau-père et des adultes. A voir sur Arte.tv

A 16 ans, Nismet (Emma Boulanouar) est confrontée à une situation familiale dégradée et sous tension. Sa mère (Loubna Abidar, bouleversante), gravement dépressive, s’assomme de médicaments pour dormir et son beau-père (Théo Costa-Marini) se montre de plus en plus intrusif et violent. Mais Nismet, au caractère bien trempé, n’est pas du genre à se laisser faire. Si bien que lorsque Denis l’agresse pour la première fois, et voyant que sa mère est sous son emprise, incapable de voir cet homme tel qu’il est réellement, l’adolescente décide de fuir l’appartement sans se retourner.

Après quelques jours d’errance dans cette cité de la banlieue lilloise, la police croise la jeune fille lors d’une ronde nocturne et décide de la confier à un foyer d’aide sociale. Pour Nismet commence alors un long parcours en foyers, synonyme d’apaisement, mais aussi de liberté surveillée. Malgré cette accalmie, la jeune fille regrette d’avoir abandonné sa mère dans les griffes de son beau-père et redoute qu’un drame ne survienne…

En septembre dernier, la fiction Nismet a remporté le Prix de la meilleure série en 52 minutes au Festival de la Fiction TV de La Rochelle. Le jury a salué son héroïne « immense d’opiniâtreté et de combativité », un rôle porté avec force et conviction par une toute jeune comédienne : Emma Boulanouar. Dans ce portrait, capturé de façon quasi documentaire, l’adolescente de 16 ans croise de nombreux autres jeunes en difficulté, qui tentent eux aussi d’échapper à la violence de leur milieu familial.

Ecrite par Nismet Hrehorchuk et le cinéaste Philippe Faucon, la série en quatre épisodes, produite par Arte, a été mise en images par ce dernier avec la complicité de la principale intéressée. Nismet Hrehorchuk y tient même un petit rôle : celui d’une responsable de foyer, pleine de douceur et très à l’écoute de la jeune Nismet. On songe au courage qu’il lui a fallu pour raconter son histoire traumatique et à l’importance que revêt pour elle le fait de mettre en lumière le travail de l’Aide sociale à l’enfance.

Le réalisateur Philippe Faucon a été frappé par la force de caractère et le récit de Nismet, rencontrée lors du tournage de son film Amin (2018). Raison pour laquelle il a décidé d’adapter en série son témoignage édifiant. Habitué à mettre en lumière les invisibles de la société française – et déjà remarqué pour sa série Fiertés -, le cinéaste a capturé ce que la vraie Nismet voulait mettre en évidence : la possibilité de se relever et de s’en sortir lorsqu’on est bien accompagnée et qu’on fait preuve d’une détermination sans faille. Ce récit d’émancipation magnifie l’espoir et la ténacité d’une toute jeune fille qui trace sa route, seule.

La série est disponible sur Arte.tv et sera diffusée sur antenne ce jeudi soir.

Karin Tshidimba