Portée par Nicole Ferroni, la série franco-belge explore avec humour et tendresse le spectre de l’autisme au féminin et au quotidien. A voir ce mardi à 20h30 sur Be tv

Rentrée scolaire pour Guilhem, 11 ans, impassible alors que sa maman, Louison, ne sait pas trop comment se comporter… Mais le premier jour de collège vire au drame. Lors d’une altercation, Guilhem plante sa fourchette dans la main d’un de ses camarades. Une psy tente de comprendre son geste et décide de rencontrer sa mère. Les tests effectués révèlent que tous les deux présentent un trouble du spectre de l’autisme. Un diagnostic qui sonne comme une délivrance pour Louison et éclaire ses propres obsessions. Mais, rapidement, la mère fraîchement divorcée déchante. Un enquêteur social va tenter d’évaluer si elle est apte à s’occuper de son enfant.

Le parti-pris d’Aspergirl est celui de la chronique quotidienne : comment se faire des amis, trouver un travail, suivre sa scolarité, organiser une fête, sans se faire remarquer. Un récit qui prend aussi, par moments, les allures d’une fable colorée, pleine de drôlerie et de tendresse. Avec des personnages joyeusement loufoques et les solutions très décalées qu’ils inventent pour paraître « normaux » dans la vie. Le scénario a recours au rire comme « moyen de communiquer et de désamorcer des sujets sensibles et délicats ». Peu consciente des injonctions et contraintes, Louison « questionne les normes sociétales auxquelles nous nous soumettons tous. » Ce qui offre un regard totalement différent, libérateur et rafraîchissant.

L’autisme au féminin

Dustin Hoffman dans Rain Man, Tony Shalhoub dans Monk, Sheldon dans The Big Bang Theory, Shaun Murphy (Freddie Highmore) dans The Good Doctor. Dans la fiction, le spectre de l’autisme est souvent envisagé sous le prisme d’hommes aux superpouvoirs. Pas étonnant car, dans les faits, les diagnostics tardifs concernent principalement les femmes qui, par souci de conformité, passent nettement plus inaperçues dans l’espace public.

Le personnage de Louison permet d’explorer cette réalité. Elle n’est pas HPI, (Haut potentiel intellectuel comme l’indique la série du même nom), « elle a le même type d’intelligence que les gens lambda », expliquent ses créateurs. Pour elle, le défi, c’est la normalité. Une injonction que l’on connaît tous, avec plus ou moins d’acuité, lorsqu’on découvre un nouveau groupe ou un nouvel environnement auquel il faut s’adapter. Pour les personnes autistes, en revanche, l’effort d’adaptation sera permanent ou de très longue durée sans forcément de compréhension à la clé.

A travers le travail de l’enquêteur de l’aide sociale à l’enfance, c’est la capacité de Louison à être une bonne mère qui est jugée, ce qui est potentiellement très violent. La série permet de (re)prendre conscience que la seule chose qui compte, c’est l’amour et la compréhension profonde que l’on a de son enfant et que personne n’est mieux placé que Louison pour comprendre Guilhem.

Créée par Judith Godinot et Hadrien Cousin, sur une idée originale de Sophie Talneau, la série franco-belge accueille quelques personnes présentant des troubles du spectre autistique (TSA). Portée par Nicole Ferroni et Carel Brown, le récit, décliné en dix épisodes de 26 minutes, a été réalisé par Lola Roqueplo. La série a permis à son jeune acteur de remporter le prix d’interprétation masculine au Festival Séries Mania.

Karin Tshidimba

★★★ Aspergirl Chronique atypique Création Judith Godinot, Hadrien Cousin Réalisation Lola Roqueplo Avec Carel Brown, Nicole Ferroni Sur Be tv Le 16/05 (10 x 26’)