Cette mini-série d’HBO propose une évocation inédite de l’affaire du Watergate qui a provoqué l’un des plus grands scandales politiques de l’histoire des Etats-Unis, mais dont les dessous et les coulisses n’avaient pourtant rien de flamboyant… Sur Be tv, le jeudi à 20h30

Quatre. Il a fallu quatre tentatives d’effractions pour qu’ils parviennent à s’introduire au sein du bâtiment du Watergate. Et qu’ils réussissent finalement à mettre le siège du parti démocrate sur écoute.

La série White House Plumbers*** retrace, sur une année environ, l’enchaînement calamiteux des événements qui ont mené à cette incroyable opération. Depuis le recrutement d’E. Howard Hunt, ancien de la CIA passé aux relations publiques, et sa rencontre avec G. Gordon Liddy, ancien du FBI, fasciné par les discours nazis. Deux patriotes et anticommunistes forcenés.

L’affaire a déjà été maintes fois évoquée au cinéma (Les Hommes du président d’Alan J. Pakula, notamment) et en télévision (Gaslit avec Julia Roberts, l’an dernier). Mais le biais, choisi cette fois-ci, est original, révélant le côté tragicomique de cet incroyable fiasco.
Au fil de cinq épisodes, on suit l’improbable duo formé par le fonceur Hunt (l’impeccable Woody Harrelson) et l’exalté Liddy (Justin Theroux, totalement décalé), anciens agents du renseignement qui se voient confier une mission où tous les coups sont permis pour favoriser la réélection de Richard Nixon.

Afin d’empêcher d’autres fuites potentiellement aussi dévastatrices que les Pentagon Papers, sur les dessous de la guerre au Vietnam, les deux «plombiers» zélés recrutent d’anciens opérateurs de la Baie des cochons (1961) qui ont davantage le profil de bras cassés que de génies des opérations secrètes. Avec un tel casting, l’échec semblait inévitable. L’Histoire prouvera que la première impression est souvent la bonne…

Barbouzes et pieds nickelés

Entre matériel défaillant, déguisements grotesques, plans foireux, seconds couteaux incompétents et missions mal définies, tout, dans cette opération, semble irréel, voire monté de toutes pièces. Pourtant, tout est rigoureusement exact et les hommes arrêtés dans la nuit du 17 juin 1972, au cœur du complexe immobilier du Watergate à Washington, ont bien provoqué la chute de celui qu’ils révéraient et servaient aveuglément: Richard Nixon.

L’avertissement, qui figure en début de chaque épisode, explique aussi pourquoi les noms des individus impliqués n’ont pas été modifiés: tous ont été jugés et reconnus coupables. Comme le rappellent les images d’archives qui émaillent cette piquante reconstitution.

La série se base sur le récit que fit de l’affaire, Egil Bud Krogh, membre de l’administration Nixon, chargé, par la Maison-Blanche, de mener cette fameuse unité spéciale. Déjà à l’origine de Veep, chronique hilarante des déboires de la Vice-présidente (fictive) des États-Unis, le showrunner et réalisateur David Mandel et les scénaristes Alex Gregory et Peter Huyck prouvent une fois encore qu’ils sont les maîtres de la parodie politique. Ils conjuguent leur talent pour revisiter cette célèbre histoire démontrant à quel point les tensions toujours bien réelles entre CIA et FBI ont mené certaines équipes à rivaliser «d’audace» et d’incompétence dans l’élaboration des pires scénarios de dénigrement et de sabotages. Où l’on constate qu’en la matière, la tradition de la manipulation du réel est décidément bien ancrée dans l’histoire des États-Unis.

Aux côtés de Woody Harrelson (True Detective) et Justin Theroux (The Leftovers), on retrouve notamment Lena Headey (Game of Thrones), Judy Greer (Arrested Development). Disponible en France sur Prime Video, via le pass Warner.

Karin Tshidimba

nb: Au rythme d’un épisode par semaine, diffusé tous les jeudis à 20h30 sur Betv, la mini-série est aussi disponible sur Prime Video en France, via le pass Warner.