La comédienne belge est à l’affiche de la série internationale Abysses (The Swarm, en VO) présentée en avant-première au Festival Séries Mania. Une production à découvrir bientôt sur France 2.

“Je trouvais cela très excitant un thriller qui nous plonge dans le grand mystère des profondeurs de l’océan, confie Cécile de France enthousiaste. Cela me passionne, car je regarde beaucoup de documentaires sur les nouvelles espèces que l’on découvre chaque année puisque les fonds marins sont encore plus mystérieux que l’univers qui nous entoure. J’ai beaucoup aimé l’intelligence de la série qui nous questionne sur notre humilité par rapport à l’inconnu et aux mystères de la nature et sur nos peurs ancestrales de tout ce qu’on ignore. Abysses interroge notre capacité à nous émerveiller et à nous reconnecter à la beauté de la nature. C’est la clé de notre survie.”

Le fait que les héros de cette série internationale soient des scientifiques a également influencé le choix de la comédienne. “Dans notre crise environnementale, on culpabilise énormément l’être humain. Or il faut continuer à croire en l’être humain et à le valoriser. Ces scientifiques sont des héros des temps modernes, des amoureux et passionnés de l’océan qui étudient la faune et la flore pour mieux les protéger. Ils ne vont pas sauver la planète seuls, mais ils nous donnent des solutions. C’est à nous, opinion publique et gouvernements, de les écouter et d’appliquer ces solutions.”

Des séries pleines de qualité

Dans cette série développée en huit épisodes par le producteur Frank Doelger, qui a notamment présidé pendant neuf ans à la destinée de Game of Thrones, la comédienne belge campe le Docteur Roche, l’une des deux scientifiques qui découvrent ce danger venu des fonds marins. Une “intelligence méconnue” qui semble s’attaquer aux hommes en réponse à tous les dégâts causés aux océans.

”Dans sa vie quotidienne, cette scientifique est aussi déchirée entre son boulot et ses deux enfants. Dramatiquement, c’était un tiraillement intéressant à jouer. Et puis, visuellement, j’ai adoré toutes les images présentes dans le mood board avec ces paysages majestueux et ces vues sous-marines. Je n’avais jamais fait de création de science-fiction. C’est aussi un rêve d’enfant…” avoue l’actrice avec un large sourire.

Librement adaptée du roman Der Schwarm, de Frank Schätzing (2004) dont le propos était beaucoup plus sombre, “la série marie des éléments de film catastrophe et de film de monstre pour mieux interroger notre rôle en tant qu’êtres humains et notre capacité à agir sur notre environnement”, explique Frank Doelger.

Le tournage s’est déroulé principalement en Italie pour les scènes extérieures même si, à l’image, on aperçoit de nombreux autres paysages – Pérou, Canada, îles Shetland, France, Afrique du Sud, Norvège ou l’Arctique. Avec quelques plans tournés par drones au Canada et en Scandinavie, de nombreux effets spéciaux, mais aussi des scènes sous-marines tournées dans le fameux studio aquatique de Vilvorde. “Ce qui a permis à la série d’être la plus verte possible, en diminuant drastiquement les déplacements de l’équipe” souligne le producteur Frank Doelger.

Pour la comédienne belge, cette série, présentée jeudi soir en avant-première à Séries Mania, est aussi l’occasion d’explorer de nouveaux horizons. Elle s’est souvenue de ses rôles dans Dix Pour Cent mais aussi dans The Young Pope et The New Pope, de Paolo Sorrentino, ou de l’univers de Cédric Klapisch qu’elle a retrouvé grâce à Salade Grecque, suite sérielle de L’Auberge espagnole présentée, vendredi soir, en ouverture du festival. “Les séries, aujourd’hui, prennent le temps et la qualité n’a plus à rougir de la comparaison avec le cinéma” a-t-elle souligné.

Un objectif : rester libre

Naturelle et pleine d’humour, l’actrice est apparue très sereine lors de sa rencontre avec le public lillois. Avec franchise, elle a expliqué se fier à son instinct pour bien choisir ses rôles. “J’ai un bon pif concernant les réalisateurs ou les gens avec qui je suis amenée à travailler, si je ne le sens pas, je ne le fais pas.” Comme lorsqu’elle a expliqué qu’elle n’avait pas pu résister à l’appel de Clint Eastwood pour son film Au-delà alors qu’au même moment François Ozon lui proposait un rôle dans Potiche

L’autre paramètre, bien sûr, est l’admiration qu’elle peut ressentir ou son désir de nouveaux horizons.
Je fais toujours attention en changeant de style et de personnage à rester libre, en fait. J’ai toujours peur d’être enfermée, nous a-t-elle confiés. Déjà, je me rends compte que j’ai une image qui me colle à la peau. Donc si je peux rester indépendante de toute étiquette pour pouvoir intégrer des personnages très différents… C’est pour cela qu’à une période, j’ai cherché à interpréter des personnages plus sombres. Pour ne pas rester dans les rôles de bonnes copines, etc.”

Après ce premier rôle de science-fiction, Cécile de France a tourné dans La Passagère, premier long métrage au parfum de romance d’Héloïse Pelloquet. Elle sera aussi dans Second tour, le prochain film d’Albert Dupontel, de quoi démultiplier ses personnalités…

Entretien: Karin Tshidimba, à Lille