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Invitée d’honneur du Festival Séries Mania, la comédienne de « Desperate Housewives » et « Melrose Place » a fait l’unanimité face au public lillois, grâce à sa franchise et à sa simplicité. Rencontre

Son passage, mardi soir, sur le tapis rouge du Festival Séries Mania (tapis violet en l’occurrence cette année) a été écourté en raison de la présence de manifestants contre la réforme des retraites devant la salle du Nouveau Siècle à Lille. Mais Marcia Cross n’a pas hésité à donner ensuite le meilleur d’elle-même, une fois installée sur scène pour la masterclass animée par le journaliste et professeur de cinéma, Renan Cros. Prouvant que l’actrice n’a pas seulement l’élégance vestimentaire de son personnage de Bree Van de Kamp, dans Desperate Housewives, mais aussi dans les rapports humains. Ceux qui connaissent bien son parcours, qui l’a notamment menée à poursuivre des études de psychologie et à travailler en tant que thérapeute, n’en sont pas étonnés. Chez Marcia Cross, l’écoute et l’empathie ne sont pas feintes. Et les anecdotes bien plus souvent amicales et personnelles que professionnelles. L’esbroufe ne fait décidément pas partie de son ADN.
Des vagues d’émotion ont ainsi traversé la salle lorsque l’actrice a évoqué le tournant des années 80 qui l’a vue participer à de très nombreux projets, le travail lui semblant la seule « planche de salut » alors que nombre de ses « amis comédiens étaient décimés par l’épidémie du sida ». Cette franchise et ce rapport à la vérité font aussi partie des éléments qui ont poussé l’actrice à évoquer le cancer très rare qui l’a touchée afin que sa « voix pousse les gens à se faire dépister ».

Crazy Kimberly ou rigide Bree ?

Si beaucoup de personnes dans le public gardent le souvenir de la troublante et troublée Kimberly Shaw de Melrose Place, les quelques extraits marquants de la série diffusés et commentés par l’actrice ont permis aux plus jeunes de découvrir cet autre pan du talent de Marcia Cross, lorsqu’elle n’était pas encore une femme au foyer désespérée. Deux rôles iconiques qui sont à la fois “une chance et une malédiction”, souligne la comédienne puisque de nombreuses personnes de l’industrie à Hollywood ne parviennent pas à voir en elle autre chose que la crazy Kimberly ou la rigide Bree.

Guidée par des extraits choisis avec soin, Marcia Cross s’est souvenue de ses débuts dans The Edge of the night, un soap tourné en direct, mais aussi dans les séries Madame est servie ou Arabesque (Murder she wrote en VO) où elle tentait de dissimuler sonadmiration folle pour la grande Angela Lansbury”, alias la détective amateure Jessica Fletcher. Sans oublier, bien sûr, son passage dans Côte Ouest (Knots Landing en VO), série dérivée du célèbre feuilleton Dallas, qui devait la mener plus tard à devenir la tête d’affiche d’un soap au succès également international : Desperate Housewives.

 

Un rôle qu’elle a pourtant bien failli ne pas endosser… Je voulais auditionner pour le rôle de Mary-Alice (la narratrice de la série que l’on voit très peu à l’écran, NdlR)” a expliqué la comédienne. Pour des raisons personnelles liées à sa famille, elle souhaitait en effet un peu lever le pied en matière de tournages, à ce moment-là… Mais Dieu merci, un ange derrière son épaule a fait en sorte qu’il en soit autrement.

Combattre les tabous et les préjugés

Aujourd’hui, la comédienne est très fière d’être devenue une icône gay à la faveur du parcours de son personnage de Bree Van de Kamp, parfaite maîtresse de maison à l’inamovible collier de perles. Mais aussi mère rigide et homophobe qui chasse son fils de la maison en raison des principes auxquels (elle) ne peut déroger; Bree finira pourtant par accepter et surtout aimer son enfant tel qu’il est.
“Quand je repense à l’intelligence du parcours de mon personnage, je suis vraiment émue. Il est très important de porter ce type de messages pour les jeunes et les parents qui regardent les séries, soulignait-elle mercredi midi face à la presse.
Ce combat contre les tabous et les préjugés se poursuit encore aujourd’hui où, après de magnifiques rôles pour les femmes de 40 ans comme dans Desperate Housewives, il importe qu’il y en ait “d’autres pour les femmes de 50 et 60 ans, mais aussi les minorités ethniques ou les personnes queers”.
“Après Melrose Place et Desperate Housewives, j’ai toujours pensé qu’il y aurait un troisième acte à ma carrière. Il n’est pas encore arrivé…a-t-elle constaté. On reste bouché bée devant cette confession d’autant plus que le succès international de la série de Marc Cherry laissait présager le meilleur pour l’ensemble de son casting féminin. Mais Marcia Cross a, pour le moment, disparu de nos écrans. Au vu de sa popularité intacte, les producteurs seraient bien inspirés de se souvenir d’elle et de la recruter pour de futurs projets.
Karin Tshidimba, à Lille