Sam est de loin le personnage le plus attachant de la série Mytho qui, après une saison 1 au parfum de comédie loufoque, s’enfonce dans la tragédie sous couvert d’humour noir volontiers absurde. Le jeune acteur belge salue la fluidité de son personnage à suivre sur Arte, dès 20h55.

Netflix a fait de la représentation LGBTQI + l’un des marqueurs créatifs de ses séries, mais la plateforme de streaming n’est pas la seule à se pencher sur cette question, bien au contraire. De plus en plus de séries accueillent une plus grande diversité de représentations de genres et de relations au sein de leur casting, permettant à des franges plus grandes de jeunes de se sentir vus et écoutés. Deux des principales préoccupations lors du passage à l’âge adulte.

Si la plupart des séries actuelles se montrent plus inclusives et intègrent cette nécessaire diversité, encore faut-il voir comment la réalité queer y est abordée. L’importance pour la communauté LGBTQI + n’est pas d’être identifiable dans les séries mais bien de montrer que « la vie et les problèmes des personnages queers ressemblent à ceux de toutes les personnes hétérosexuelles » : trouver un travail, un appartement, l’amour, fonder ou non une famille… Dans la galaxie des rôles plus inclusifs, l’apparition du personnage de Sam dans la série Mytho , sur Arte en 2019, a été une excellente nouvelle pour la fiction française. Enfin un adolescent qui s’assume pleinement dans sa différence et sa singularité, tout en étant dopé par le charisme du jeune comédien belge Jérémy Gillet. Autant de bonnes raisons de discuter avec le jeune acteur.

Liberté, inclusivité, fluidité

« J’ai beaucoup aimé retrouver Sam avec tout ce qu’il y avait autour de lui : coiffure, maquillage, bijoux, etc. J’aime ce look, la façon dont on l’a imaginé. Tout ce que Sam a mis en place pour plaire à Renan », redoutable pervers narcissique qui l’attire plus que de raison. Ce thème de l’emprise affective ne concerne pas uniquement l’adolescent, mais aussi ses deux sœurs, qui font l’objet de toute l’attention de l’étrange voisine (Catherine Mouchet) et de sa secte. Idem pour Patrick (Mathieu Demy), convoité par l’amie qui lui veut du bien.

« Dans cette saison 2, on retrouve tous les personnages à un point très différent dans leur vie et leur évolution. C’est très jouissif à jouer, surtout quand il y a une telle transformation physique au cours de la saison et qu’on tourne des épisodes très différents dans la même journée. C’est passionnant à explorer, cette relation toxique dont Sam n’est pas conscient. En même temps, c’est compliqué car il ne faut pas le conscientiser et, surtout, ne jamais se sentir plus intelligent que son personnage. Dans cette saison 2, le plus grand défi est de faire de Sam un parent car plus que jamais les enfants prennent le relais des parents qui se conduisent comme de vrais gamins. Surtout le père (Mathieu Demy). Cela va de pair avec le fait que Sam est plus assuré de qui il est. Il ne se pose plus vraiment de questions. »

Ce flou initial autour de Sam a séduit Jérémy Gillet. « Il y a eu beaucoup de questions sur son identité de genre et sur une éventuelle transphobie alors que Sam n’est pas trans et n’a jamais été genré au féminin. Il a toujours été présenté comme un garçon gender fluid. J’aime beaucoup que, dans la saison 2, Sam a un look très construit et envoie balader toutes les conventions. Peut-être qu’en saison 1 cette identité de genre volontairement floue était, au départ, trop subtile. »

Ni transidentité ni androgynie

« Anne (Berest) et Fabrice (Gobert) ont écrit un personnage qui n’est pas une femme trans ou un homme androgyne, qui n’est pas spécialement non binaire. Sam reste volontairement flou parce que c’est ce dans quoi il se sent le plus à l’aise. On n’a pas l’habitude de voir des personnages comme celui-là à la télévision francophone. » Cela a entraîné pas mal de réactions sur les réseaux sociaux. « Chacun projette ce qu’il veut sur Sam, c’est pour cela qu’il est aussi attachant. Plein de gens l’aiment pour des raisons différentes », note Jérémy Gillet.

Difficile à créer en saison 1, l’acteur a facilement retrouvé son personnage en saison 2. « C’est compliqué au début parce qu’on aime les étiquettes. On dit de Sam qu’il est sensible parce qu’il dit ce qu’il ressent et qu’il est très sincère, mais ce sont des étiquettes mentales. »

Montrer son évolution et incarner un personnage qui défend cette idée de fluidité, malgré lui, était très important pour le comédien. « J’adore que l’on puisse réfléchir à cette fluidité de genre avec un personnage au sujet duquel il n’y a même pas de discussion. Dans la famille de Sam, ce n’est ni un problème ni un sujet, encore moins dans cette saison 2. » Tout le monde vit avec Sam tel qu’il est…

« Aujourd’hui, il n’y a plus rien qui le ramène à cette question du genre. C’est devenu une base du personnage pour créer quelque chose de plus, un destin évocateur. Sam continue à avancer. » Comme il le fera sûrement lors de la saison 3 en cours d’écriture.

Entre séries et cinéma

Jérémy Gillet tourne en ce moment le nouveau film d’Olivier Peyon tiré du roman de Philippe Besson Arrête avec tes mensonges aux côtés de Guillaume de Tonquedec. Il tournera également en octobre une série décalée pour la plateforme de Canal +. « Une dystopie dans le monde du porno des années 2000. C’est très excitant, j’ai très hâte. »

Il a tourné au printemps L’Île aux trente cercueils, une série « pour France 2, avec Virginie Ledoyen, Charles Berling, Dominique Pinon, Martine Chevallier, une adaptation d’un des romans de Maurice Leblanc où Lupin est le moins présent. » À découvrir prochainement.

Entretien: Karin Tshidimba

A lire sur Lalibre.be ses débuts dans le milieu du cinéma à 16-17 ans.