Le printemps des séries belges s’écrira sous le signe de la comédie avec Baraki, attendue sur Be tv dès le 15 mars et Coyotes, annoncée avant l’été sur Proximus puis la RTBF. Une dramédie déjantée dans l’univers d’une famille atypique, pour la première, une comédie noire matinée de thriller, pour la deuxième. On en a causé (à distance) avec ses créateurs

A défaut d’avoir pu partager une soirée au coin du feu de camp avec les Coyotes, une petite réunion zoom nous a permis de discuter de cette aventure grandeur nature vécue par toute l’équipe durant trois mois, d’août à début novembre, à la frontière belge et au Luxembourg… L’occasion de leur demander pourquoi ce choix d’ancrer leur série dans le milieu du scoutisme.

« Mon coauteur Axel du Bus voulait parler de vieux dans un home et moi, de jeunes dans la nature. On a très vite trouvé un terrain d’entente », confie Vincent Lavachery. « Axel a imaginé le village autour avec la jolie jeune fille et le curé. Les pièces du puzzle se sont très vite mises en place. Même si aucun des deux n’a jamais été scout. J’ai plein de copains qui ont fait du scoutisme. J’ai toujours été attiré par les mouvements de jeunesse, je suis allé une fois au groupe Honneur qui est un mouvement très à gauche, hors sentier, j’ai vraiment trouvé cela super. »

Les idéaux scouts face à l’adversité brutale

Fasciné par cet univers dont ses parents ne voulaient pas entendre parler car ils trouvaient cela « trop bourgeois », Vincent Lavachery y est donc revenu en tant que scénariste. « Par rapport au sujet que l’on voulait traiter, le scoutisme était l’arène rêvée à cause des valeurs d’entraide très fortes qu’il met en avant. C’était l’idéal de placer ces gamins «biens comme il faut» face à ce type de problèmes de conscience pour avoir cette dualité au coeur de l’histoire. »

« La fédération des Scouts nous a donné toute la documentation nécessaire et leur aval. Ils connaissent le projet, l’ont suivi et l’ont validé mais nous avons gardé notre liberté éditoriale. On ne fait pas un documentaire mais un thriller dans le cadre du scoutisme », précise le producteur André Logie (Panache productions).

« Au début, on a travaillé avec Christophe Beaujean, qui a été chef louveteaux. Il a participé à l’élaboration de toute la structure de la série. » Au moment de l’écriture, Vincent Lavachery s’est offert une immersion de deux jours dans un camp pour « s’imprégner de l’ambiance, j’ai notamment assisté aux promesses ».

10, 8 ou 6 épisodes: la quête du format idéal

L’écriture de la série remonte à quatre ans (septembre 2016). « Au début, il n’y avait ni violence, ni coup de feu, ni enquête policière, se souvient Vincent Lavachery. C’est la RTBF qui nous a poussés à aller beaucoup plus loin dans notre intrigue en nous disant que nous avions tout au plus de quoi faire un long métrage et qu’il fallait étoffer l’intrigue. Il fallait tenir compte du public auquel on s’adressait et aussi créer du suspense et du danger. Au départ, notre histoire était mignonne mais pas aussi tendue que ce qu’elle est aujourd’hui. »

« Au début, on est parti sur une série en 10 épisodes (de 52 minutes). Au final, c’est un 6 x 52, on a été limité par les moyens financiers à notre disposition », reconnaît André Logie.

« On débutait dans l’expérience des séries. J’avais travaillé sur la série Quartier des banques, mais pas en tant que directeur d’écriture, précise Vincent Lavachery. On recevait beaucoup de remarques de l’équipe RTBF. On s’est rendu compte que dix épisodes, cela allait prendre un temps faramineux à l’écriture et que les pivots de l’histoire pouvaient tenir en six épisodes ce qui allait resserrer l’intrigue, la rendre plus haletante. »

« On croit que tourner dans les bois, c’est facile et peu coûteux »

Fin 2018, nouveau basculement dû à un retard de production. « On espérait partir en tournage à l’été 2019. On avait commencé la préparation et le casting et finalement, on a dû reporter pour des raisons financières. On croit que tourner avec des jeunes dans des bois, c’est facile et peu onéreux mais, au contraire, c’est très compliqué en termes de lumière et de météo. Il est plus facile de contrôler les coûts quand on tourne au moins 50% du temps en studio. On s’est rendu compte que notre plan de travail était tout à fait utopique » explique le producteur André Logie.

« On a dû procéder à la suppression de décors et de personnages. On a dû réécrire en tenant compte de cela, en comptant le nombre de décors. On a dû enlever quelques intrigues secondaires (autour des jeunes entre eux) pour privilégier la quête principale. On voulait à tout prix garder quelques personnages adultes malgré tout », précise Vincent Lavachery.

« Tous les acteurs étaient dans une bulle; pour y entrer, il fallait se faire tester »

Tous les textes ayant été remis avant la première vague, le Covid a-t-il eu un nouvel impact ? « On a réécrit une ou deux scènes pour tenir compte du fait qu’un des acteurs avait eu le Covid afin d’éviter toute proximité. Pour le reste, les réalisateurs ont choisi de filmer en privilégiant le champ-contrechamp. »

« On a situé l’histoire en 2019 pour ne pas être placé en situation de Covid, souligne André Logie. Il y avait des tests tous les dix jours et des prises de température quotidiennes. On a créé une bulle entre nous. Tous les acteurs étaient dans une bulle et devaient se faire tester avant d’y revenir en cas de pause du tournage. On a eu un arrêt d’une semaine à cause d’un test positif, on a dû faire appel au fonds de garantie mis en place par le fonds Start en octobre. Mais au final, tous les obstacles ont été surmontés. »

Karin Tshidimba

photos: Govinda VanMaele et John Janssens

A suivre : le récit des réalisateurs et des comédiens.