Caroline Proust passe derrière la caméra pour saluer tous ses partenaires de jeu au fil des quinze années qui ont vu la série Engrenages s’imposer sur la scène internationale. Un documentaire à voir dimanche à 13h05 sur Be Séries

Quinze ans, un sacré bail. Pour l’équipe de la série Engrenages, les adieux à leurs personnages n’ont pas été simples. Malgré la rudesse, la longueur et l’intensité des tournages, l’émotion et la mélancolie sont fortes, au terme de cette saison 8 qui marque la fin de leur parcours au service de la police et de la justice de Paris. Des métiers exercés dans l’ombre, dans ces quartiers périphériques qui ne sont pas ceux qui font d’ordinaire la réputation de la Ville Lumière.

Une série « féministe qui a accompagné des femmes porteuses de caractéristiques souvent réservées aux hommes jusque-là », comme le dit si bien la comédienne Audrey Fleurot, rendue célèbre par son rôle de Joséphine Karlsson, avocate pas très à cheval sur la Loi. Une série « avec des héroïnes très différentes tout en ayant beaucoup de points communs », insiste Caroline Proust, alias le capitaine Laure Berthaud. Et parmi ceux-ci: l’amour de leur métier et leur implication sans faille. « Elles ne se définissent ni par leur statut de femme, d’épouse, de copine ou de mère, mais par leur boulot. Il y en a très peu des personnages féminins comme ceux-là encore aujourd’hui », rappelle Audrey Fleurot.

Engrenages, premier énorme succès de Canal à l’international est aussi une série majoritairement écrite par des femmes, avec trois des quatre directeurs d’écriture, au fil des huit saisons, qui étaient en fait des directrices : Virginie Brac, Anne Landois, Marine Francou. Ceci expliquant sans doute cela.

Un esprit de troupe s’est façonné

Cette aventure XXL, inscrite au plus profond de son corps, Caroline Proust a eu l’occasion de la revivre au fil des longs mois consacrés à la réalisation de son documentaire Engrenages dans la peau**. L’occasion, à la fois, de faire son deuil, après quinze années passées au contact d’une troupe d’acteurs devenus amis, pour certains (dont beaucoup de comédiens issus du théâtre subventionné français) et de mener à bien son rêve de réalisation qui n’avait pas pu se matérialiser lors de cette ultime saison.

Au fil de ses rencontres avec ses différents partenaires de jeu (Thierry Godard, Philippe Duclos, Grégory Fitoussi, Fred Bianconi mais aussi Anne Landois, scénariste des saisons 3 à 6) Caroline Proust tire le fil d’une série qui a permis de mettre en évidence sans complaisance « ce que la société française produit de plus violent ». En tentant de rester extrêmement fidèle à cette réalité grâce à l’aide de nombreux conseillers professionnels (policiers, magistrats). Rappelant au passage qu’il n’a pas toujours été évident pour les acteurs et les techniciens de « grenouiller ainsi dans les bas-fonds » et de côtoyer tant de drames et de misère. Des moments délicats face auxquels leur alchimie et leur solidarité de « troupe » ont constitué les meilleurs boucliers.

Il fallait bien 42 minutes pour remonter le fil du temps, depuis les premiers balbutiements jusqu’au clin d’œil final de la saison 8. Ce documentaire prend la forme d’un merci collectif, sorte de making of de la plus belle aventure (à ce jour) vécue par la comédienne.

Karin Tshidimba