Prenant la succession de Claire Foy dans les saisons 3 et 4 de The Crown la saga imaginée par Peter Morgan, Olivia Colman se révèle, comme à son habitude, souveraine. A voir dès dimanche sur Netflix.

Formée au théâtre, c’est sur grand écran qu’Olivia Colman a vu exploser son talent, même si elle s’est initiée aux séries dès les années 2000. Si personne n’a oublié sa prestation dans Peep show ou dans l’inoubliable drame Broadchurch (récompensée d’un Bafta Award) un rôle historique a déjà valu à la comédienne les faveurs de la critique: celui de Carol Thatcher dans le film La Dame de fer. À croire que le destin de l’Angleterre porte chance à cette jeune femme originaire du Norfolk, qui se rêvait professeure avant de monter sur les planches… Sa prestation sous les traits de la Reine Anne dans La Favorite lui a également valu de remporter le Golden Globe de la meilleure actrice en janvier dernier.

The Crown saison 3: Olivia Colman et Tobias Menzies

Connaissant le talent d’Olivia Colman, on ne doutait nullement de sa capacité à se glisser dans les habits royaux d’Elisabeth II. Malgré l’impeccable prestation de Claire Foy, qui l’a précédée dans la série, une scène a suffi à Olivia Colman pour imposer sa stature et investir le personnage au-delà de toutes les espérances. La réussite est d’autant plus impressionnante que cette scène est quasi muette. Elisabeth II y fait ses adieux à Winston Churchill, le regretté compagnon de ses jeunes années de règne, celui en la compagnie duquel elle a peu à peu appris son métier de souveraine. Émotion et intensité en même temps que sobriété, autant de qualités qui soulignent le jeu d’une grande actrice. Preuve que le créateur Peter Morgan ne s’est pas trompé en la choisissant pour poursuivre le travail de narration brillamment entamé avec Claire Foy dans les saisons 1 et 2.

Et les défis ne manquent pas. En dix épisodes, Peter Morgan doit poursuivre son récit, l’un des plus scrutés et acclamés sur la plateforme Netflix, tout en introduisant un tout nouveau casting. Les années passant, il a fallu veiller au vieillissement naturel de la famille royale. Dans le rôle-titre, Olivia Colman brille de mille feux, accompagnée par l’épatante Helena Bonham-Carter dans le rôle de l’incorrigible princesse Margaret, morte en 2002. Peu à peu les enfants royaux, dont le prince Charles, vont prendre leur place sur la photo de famille.

Dans cette saison 3, Elizabeth II doit faire face à la possible trahison d’un proche de la famille royale alors que des rumeurs courent selon lesquelles Harold Wilson, leader du Labour Party, aurait des sympathies pour le KGB. La catastrophe du puits minier d’Aberfan dans le Pays de Galles ou la découverte de la vie tragique de la princesse Alice, mère de son époux Philippe, Duc d’Edimbourg, devenue religieuse sont d’autres moments clés de sa vie de femme et de son règne, autant de tournants qui éclairent son destin contrasté.

Ces événements historiques interrogent les choix posés par chaque membre de la famille royale et confirment l’intérêt de la saison 3 de The Crown, série historique passionnante et éclairante, à la mise en scène élégante, au montage subtil et riche d’enseignements. Un écrin de choix qui éclaire autant les errements personnels que les enjeux internationaux, cadre fragile et serré dans lequel Olivia Colman se révèle capable d’exprimer tant de sentiments dans un simple relevé de menton, un début de moue réprimé ou un minuscule lever de sourcil… De la véritable orfèvrerie. Car ce faisant, la série explore les doutes, les frustrations et les regrets qui taraudent les occupants de Buckingham Palace.

Karin Tshidimba