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La série courte humoristique belge « Les Anonymes » s’intéresse à ces troubles secrets qui nous pourrissent la vie. Que l’on soit directement concerné ou inquiet pour « un(e) ami(e) ». Témoignages détonants à découvrir dès aujourd’hui sur Auvio, Youtube, etc.

Depuis leur rencontre au Kings of Comedy Club , l’envie d’écrire cette série les tenaillait. Ils ont donc profité d’un appel à projets de la RTBF pour se lancer dans l’aventure. « On savait pertinemment que ce n’était pas pour Instagram, mais c’était une façon de mettre un pied dans la porte« , confie Gaëtan Delferière, l’un des trois auteurs de la série courte Les Anonymes**. Leur projet ne correspond pas au schéma de diffusion sur Instagram, pas plus que la longueur de leurs histoires, conçues sur 2,5 ou 3 minutes. « C’était l’occasion pour nous d’avoir un retour sur ce que nous avions écrit. On leur a dit qu’on savait qu’on était hors cadre, mais le projet nous tenait tellement à cœur qu’on le ferait de toute façon. » Un ton qui a séduit l’équipe fiction de Marc Janssen et leur a assuré le soutien de la RTBF et une diffusion sur Auvio à partir de ce lundi.

Au fil des épisodes, Les Anonymes proposent des histoires librement inspirées du réel mais aussi par certains humoristes ou comédiens déjà croisés. « On a tout de suite su quel rôle on allait confier à Laurence Bibot, à Farah, à Kody, à Inno JP. On leur a fait lire et c’était bingo », souligne Émilie Croon. L’enchaînement des épisodes s’est construit au fur et à mesure. Très vite, la bande élabore une liste des thèmes qu’elle souhaite aborder dans cette arène où les obsessions sont reines.

« Dès qu’on se mettait à écrire, on savait qui on souhaitait placer dans telle ou telle situation et cela nous inspirait pour imaginer le déroulement de la réunion », précise Florent Losson, le troisième larron.

Proches de vegans, pervers narcissiques, influenceurs, complotistes…

Une salle dépouillée, quelques anonymes installés en cercle, à distance raisonnable les uns des autres, réunis pour se confier ou écouter. Le dispositif est toujours le même et rappelle les fameuses réunions des AA vues dans de nombreuses fictions. Sauf qu’ici le trouble change d’un jour ou d’un groupe à l’autre. Histoire de ne laisser aucune obsession dans l’ombre : complotistes, pervers narcissiques, influenceurs, trolls, proches de vegans, misogynes, etc.

« Les idées partent dans tous les sens mais, comme nous sommes trois – une fille et deux garçons -, tous les genres sont envisagés. On improvise et on essaie de se surprendre. Ensuite, on fait le tri : on garde les blag ues les plus inattendues. On veut vraiment surprendre », précise le trio.

« On a fait des lectures avec Inno et Farah, qui sont les seuls personnages récurrents, pour qu’ils nous donnent leur avis. On sait que ce type d’humour ne va pas forcément faire l’unanimité. C’était important d’avoir des avis extérieurs, mais on ne voulait pas s’éparpiller pour ne pas diluer le propos. » Un ton qui fait très souvent mouche.

Si l’un (Inno Jp) endosse le rôle du médiateur rassurant, « avec ma voix douce et apaisante, j’ai naturellement tendance à essayer de rassembler les gens et à trouver des compromis. Donc il n’y avait pas une énorme part de création dans ce personnage » plaisante l’humoriste.
L’autre (Farah) se lâche dans le rôle de « l’emmerdeuse ». « Dans la vie, on n’a pas souvent l’autorisation d’être méchante et cassante. C’est drôle de pouvoir dire des choses qu’on ne dirait pas normalement, donc merci à eux. C’est très gai de passer d’un personnage à l’autre parce que dans le stand-up, on est souvent plus proche de soi, avec des nuances… »

Le résultat de leur délire collectif est visible dès aujourd’hui sur le site de Tipik, sur Auvio,… Et pourrait aisément se prolonger en cas de succès.
« Avec nos chaises positionnées à 1,5 mètre les unes des autres, on a été visionnaires », plaisantent-ils. Le dispositif pourrait sans difficulté se réinstaller pour une saison 2, garantie pleine d’absurde et d’humour noir.

Karin Tshidimba