Adaptée avec soin par HBO et la Rai, la célèbre saga littéraire d’Elena Ferrante déploie son univers dès 21h sur France 2. Et la saison 2 est attendue dès vendredi à 20h30 sur Be tv.

Avec ses rues balayées de poussière et de gamins bruyants, ses personnages aux prises avec des problèmes qui les dépassent, ses visages marqués, semblables à ceux de statues antiques et cette pauvreté digne dans laquelle se drapent les habitants des quartiers ouvriers de Napoli, L’Amie prodigieuse*** a réussi à capturer l’atmosphère du cinéma italien des années 1970. Déjà phénomène de librairie, la saga littéraire d’Elena Ferrante est devenue, par la magie combinée d’HBO et de la Rai, une saga télévisée plébiscitée dans le monde entier.

Succès en Italie et à travers le globe

Elisa Del Genio (Elena enfant), Ludovica Nasti (Lila enfant)

Il faut dire que la série a bénéficié d’une jolie rampe de lancement en étant présentée à la Mostra de Venise, à la rentrée 2018, où elle a rapidement enflammé les esprits. Sept millions d’Italiens l’ont assidûment suivie lors de sa diffusion sur la Rai, qui s’est félicitée d’avoir dépassé les 30% de parts de marché pour chacun des huit épisodes de l’adaptation du roman.

Publié dès 2011, l’ouvrage a déjà été traduit en 42 langues et d’autres traductions se préparent. Avec 12 millions de lecteurs assidus à travers le globe, la saga littéraire d’Elena Ferrante était assurée de disposer d’une solide base de fans potentiels. À moins, bien sûr, que ceux-ci ne soient déçus par le traitement réservé au roman sur le petit écran…

Avec un tournage à Naples, en napolitain, une réalisation et un casting entièrement italiens, HBO a joué la carte de l’authenticité. L’extrême fidélité de l’adaptation menée par Francesco Piccolo et Laura Paolucci a bien vite rassuré les admirateurs de Ferrante puisque l’écrivain mystère – elle ne donne ni photos, ni interviews – a elle-même collaboré, par mails interposés, à l’adaptation de sa saga. Le résultat ne s’est pas fait attendre : les droits de la série ont été vendus dans 56 pays.
Un résultat dû aux échos flatteurs et aux critiques enthousiastes, touchés par la réalisation élégante de Saverio Costanzo et par le charisme des quatre jeunes actrices (enfants puis adolescentes).

Une tranche de vie de Napoli

Dans sa première saison, L’Amie prodigieuse nous plonge dans le quotidien d’un quartier ouvrier de Naples, dans les années 1950. On y suit deux fillettes que tout oppose mais qui sont irrésistiblement attirées l’une par l’autre jusqu’à devenir inséparables, dans les succès comme les bêtises. Une enfance sur fond de précarité, passée dans l’ombre de la mafia et du communisme.

Les huit premiers épisodes permettent de suivre le parcours de Rafaella (Lila) Cerullo et Elena (Lenù) Greco jusqu’à l’adolescence. Où l’on perçoit très vite que le caractère bien trempé de Lila sera mis à rude épreuve par de nombreux coups du sort tandis qu’Elena, vivant dans l’ombre de sa meilleure amie, peine à profiter seule des opportunités qui lui sont offertes. Toutes les deux sont des élèves brillantes, mais seule Lenù sera autorisée à poursuivre sa scolarité au-delà des classes primaires au prix de nombreux et douloureux sacrifices pour sa famille.

Si la narration demeure assez classique et ses débuts plutôt froids, la poésie de l’image et la justesse de l’interprétation (où se mêlent fascination, rivalité, amitié profonde et quasi-dépendance) finissent par porter ce récit profondément humain et plein de tendresse. Le quotidien, raconté par Elena devenue adulte, est celui d’une Italie laborieuse, souterraine et souvent pleine de violence, forcément absente des livres d’histoire. Elle est aussi le récit d’émancipation d’une jeune femme qui sait ce qu’elle veut et entend vivre sa vie.

Be tv, qui s’est laissé séduire dès 2018 par la série, entamera la diffusion de sa saison 2 dès ce vendredi à 20h30.

Karin Tshidimba