À peine née, la « Force spatiale américaine » imaginée par Donald Trump inspire déjà l’ironie sur Netflix. A la manoeuvre, on retrouve Greg Daniels et Steve Carell, le duo qui a fait triompher The Office.

À peine créée en décembre dernier, la nouvelle Force spatiale des États-Unis est déjà au cœur d’une série-pastiche mêlant rêves de conquête et enjeux politiques bien terrestres. Netflix a armé la rampe de lancement de sa Space Force** et sa mise en orbite est prévue ce vendredi à 9 h 01. Imaginée par les cocréateurs Steve Carell et Greg Daniels, déjà au cœur du succès The Office, la série explore les rêves de voyages lunaires et vers Mars caressés par le président américain.

L’ordre de mission qu’il s’est donné est très clair : il importe « d’emmener de toute urgence une équipe américaine sur La Lune », avant que d’autres nations puissent leur faire de l’ombre. Mais pour cela, le Président doit nommer un commandant-en-chef sans plus tarder.

Pilote émérite rêvant de diriger l’Air Force et fraîchement décoré d’une quatrième étoile, le général Mark R. Naird (Steve Carell) est terriblement déçu lorsqu’on lui propose de prendre la tête de la nouvelle Space Force, sixième branche des forces armées américaines. Sceptique mais dévoué, il accepte le poste et emmène sa famille vivre sur une base militaire reculée au fin fond du Colorado. Pourtant la tâche se révèle bien plus complexe que prévu : son budget est plutôt étriqué et son équipe disparate n’est pas simple à canaliser. Elle est composée à la fois d’hommes de l’espace et de scientifiques de tous horizons, on y croise même un Belge détaché par l’Agence spatiale européenne… Entre recherches scientifiques et conquête spatiale, le général et ses hommes peinent souvent à se mettre d’accord. Pas sûr qu’ils parviennent, dans ces conditions, à assurer la suprématie des États-Unis dans l’espace, alors que la Russie et la Chine se montrent de plus en plus conquérantes…

Militaires contre scientifiques

Imaginée par les cocréateurs Steve Carell et Greg Daniels, Space Force se joue des clichés assez répandus sur les scientifiques dans leur bulle et les militaires sanguinaires, mais aussi du sens de l’absurde propre à ce type d’aventure défiant les limites humaines. Ils donnent ainsi naissance à une comédie pleine d’ironie qui combine les ressorts habituels du monde du travail – réunions, contradictions, rivalités, secrets – aux contours plus abstraits d’un domaine qui fait rêver. L’espace où les enjeux et les obstacles prennent des proportions souvent démesurées et où les ambitions individuelles sont le meilleur frein au succès de tous.

Entre mauvaise foi, gabegie financière, maladresse et mauvaise volonté manifeste, le général Naird donne l’impression de naviguer à vue et chaque jour rend l’aventure spatiale encore plus difficile à imaginer.
Dans les rôles-titres, l’excellent John Malkovich campe le Dr Adrian Mallory, directeur scientifique de la base avec lequel le général Naird entretient de fréquents, et parfois houleux, échanges. Une parfaite illustration de la recherche scientifique qui refuse de servir d’alibi aux visées purement militaristes de certains États. Une réalité qui suscite sourires et grincements de dents à parts égales. Certains regretteront certainement les grands éclats de rire provoqués par The Office mais le plus troublant reste le choix de sous-employer la géniale Lisa Kudrow (Friends)…

Karin Tshidimba