Depuis cinq ans, le nombre de séries créées a littéralement explosé, aux Etats-Unis comme ailleurs, entraînant une croissance spectaculaire de la Binge Mania. C’est le titre du nouveau documentaire du journaliste Olivier Joyard. A découvrir ce lundi à 20h30 sur Be 1.

Depuis cinq ans, le nombre de séries créées a littéralement explosé. Des milliers d’heures de fictions « nous tombent dessus », entraînant la perplexité des fans et le découragement de nombreux critiques, bien en peine de tout voir… « Les épisodes arrivent par vagues et on les consomme de façon gloutonne » parfois jusqu’au bout de la nuit. « La Binge Mania est devenue un monde désirable et effrayant », note le journaliste Olivier Joyard, auteur de deux opus sur le monde des séries, l’un sur les génériques et l’autre sur les fins de séries.

« Aujourd’hui, les buzz ne durent plus que 3 semaines à un mois », déplore cette autre journaliste. Car déjà la série suivante s’impose avec ses milliers de commentaires et ses millions de recommandations. Au risque de briser la magie et d’étouffer l’envie même de la découverte.

Les « bienfaits » de la Peak TV

Bien décidé à comprendre le phénomène de Peak TV, Olivier Joyard part à la rencontre de quelques créateurs en vue de la planète Hollywood : les hommes et les femmes qui ont donné naissance à des succès comme Grey’s Anatomy, Pose, Swat, The Shield ou Vida. À ce panel représentatif, le critique français a ajouté le directeur de la chaîne FX, qui a effectué un virage éditorial à 180 degrés au cours des 4 dernières années, et la journaliste Maureen Ryan dont la voix singulière a su s’imposer à Hollywood. Enfin, pour parfaire son tour d’horizon, il a poussé son exploration jusqu’en Israël, minuscule territoire qui a réussi à imposer ses histoires à l’international.

Ensemble, ils analysent les conditions économiques et technologiques de l’émergence de ce phénomène audiovisuel qui influence toute la chaîne de création. « La durée (de visionnage, NdlR) joue sur la relation qu’on établit avec une fiction », note l’essayiste Pacome Thiellement. Une série suivie religieusement de semaine en semaine n’a pas le même impact qu’une saison engloutie en quelques heures à peine, au cours d’un week-end. Sans compter que ce nouveau mode de consommation influence aussi nos conversations. À moins de la regarder en parallèle, impossible désormais de discuter d’une série entre collègues ou amis.

Mais la Peak TV n’a pas que des désavantages. Dans une étude publiée dans le magazine Variety en 2015, la journaliste Maureen Ryan dévoilait que jusque-là 72 % des showrunners étaient des hommes blancs. Un pourcentage que l’on retrouvait tout au long de la chaîne de production et qui déteignait aussi, forcément, sur les histoires proposées.
La mise en évidence de ce déséquilibre majeur et la montée en puissance de multiples plateformes en quête de contenus spécifiques ont permis l’émergence de voix singulières, féminines mais aussi issues des différentes communautés présentes aux Etats-Unis. Entraînant une plus grande diversité sur les écrans…

Karin Tshidimba