Pour les spectateurs, mais aussi pour leurs créateurs et leurs acteurs, la fin d’une série est un enjeu majeur. Mad Men, Six Feet under (photo), Les Soprano, Breaking Bad, Lost, autant de séries célèbres et de scènes finales qui le sont parfois plus encore.
Dans son nouveau documentaire Fins de séries*** Olivier Joyard, journaliste et critique au magazine Les Inrockuptibles, est parti à la rencontre de créateurs, d’acteurs et de fans de séries pour voir comment ils vivent ce moment délicat, ce passage difficile qui fait tant causer sur les réseaux sociaux.
Présenté dans le cadre du Festival Séries Mania à Paris, son film est aussi diffusé ce jeudi à 20h30 sur Be TV. Une exploration à ne pas rater…
«Quand on regarde une série, on ne reçoit pas un spectacle passivement. Regarder une série, c’est participer à l’action et aux transformations des personnages avec tout ce que cela provoque en nous comme remaniement psychique», explique Serge Hefez. Le psychanalyste évoque notamment l’implication affective et la relation passionnelle entretenue par certains fans avec une série à laquelle un « Deus ex-machina » – le scénariste ou le diffuseur tout puissant – va mettre fin de manière abrupte et non concertée. Un exemple ? La fin controversée de la série Les Soprano (photo)…
Comme il l’évoquait dans son interview il y a quelques jours, le scénariste Damon Lindelof souligne ainsi à quel point il a été affecté par les réactions très négatives provoquées par la fin de Lost alors même que cette fin semblait parfaite à ses yeux… Petit bonus pour les fans : non seulement, Lindelof explique sa vision de la fin de Lost mais Clyde Philips, autre showrunner d’envergure, donne sa version de la fin de Dexter, autre épilogue controversé. Une fin que le scénariste n’avait pu mettre en œuvre puisqu’il avait quitté la série au terme de la saison 4.
Séries: une relation longue durée
Desperate Housewives, A la Maison Blanche (photo), Mafiosa: voilà trois séries-phares aux destins et aux fins très différents.
A la demande d’Olivier Joyard, trois acteurs se confrontent aux dernières heures et à la disparition de leur personnage. Une façon d’apprivoiser toutes les fins à venir.
Car le pire est bien sûr représenté par toutes ces séries restées sans épilogue car annulées avant d’être parvenues à leur terme. Pour toutes ces histoires d’amour interrompues brutalement, il existe une place spéciale dans le purgatoire des séries.
Si réussir une fin satisfaisante est un enjeu de taille pour tout auteur qui se respecte – qu’il s’exprime à travers des livres, des films ou des séries – la relation à la série a ceci de particulier qu’elle met un terme à une relation de très longue durée puisque le lien affectif s’est tissé sur plusieurs saisons.
L’enjeu est tel que certains diffuseurs songent désormais à faire participer le spectateur dans le choix de la meilleure «fin possible» même s’il n’est pas sûr que cela règle le problème. Comment séduire et surprendre – deux fonctions majeures de la série – lorsque tout a été décidé en amont ? Sans compter qu’il sera toujours impossible de faire l’unanimité au sein des fans…
Karin Tshidimba, à Paris
nb: Olivier Joyard est également l’auteur et le réalisateur du documentaire Series addict, également diffusé à la RTBF et sur Be TV
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