Rencontre avec Assa Sylla, comédienne qui porte avec beaucoup de flamme le rôle d’Imane dans la saison 4 de Skam France/ Belgique après la saison 3 centrée sur Lucas. Le premier épisode hebdomadaire complet sera disponible ce vendredi sur Auvio RTBF et Francetv Slash, mais aussi dimanche à 20h40 sur France 4.

« Quand j’ai reçu les scénarios, j’étais choquée car c’était vraiment moi : Imane – Assa, Assa – Imane, tout collait. C’était très différent de la saison 4 de la série norvégienne (dont Skam propose le remake français). Il faut dire que j’ai rencontré les auteurs, ce qui est très rare, et je leur ai raconté ma vie pendant trois heures. Ils voulaient éviter de faire n’importe quoi par rapport à la religion et voulaient en parler avec moi car je suis de confession musulmane. Ils ont gardé l’histoire d’amour entre Imane (Assa Sylla) et Sofiane (Laïs Salameh) à l’image de celle entre Sana et Yousef qui était racontée dans la série norvégienne originelle. Mais pour tout le reste, ils se sont inspirés de mon parcours” confie la comédienne Assa Sylla.

Le regard des femmes voilées entre elles, le fossé des générations, le regard des garçons sur Imane, son regard sur sa vie et sur celle de ses amies, ses relations avec ses parents ou avec la religion : autant de questions abordées dans la nouvelle saison de Skam, l’une des séries préférées des ados belges et français.

“C’est un honneur pour moi de voir que l’histoire a été adaptée à ma réalité. C’est rare que les auteurs prennent l’avis des acteurs en compte. C’est la première fois que je tourne avec un réalisateur aussi à l’écoute que David Hourrègue” poursuit-elle.

« Après la saison 3 consacrée à Lucas, Imane est au coeur de l’intrigue »

Même si le rôle d’Imane n’est pas son premier, son importance au cœur de la saison 4 de Skam fait peser un poids important sur les épaules de la jeune fille.
“Quand j’ai passé le casting de Skam, je ne connaissais pas du tout la série mais une fois que j’ai été choisie, j’ai regardé les 4 saisons norvégiennes d’une traite. Je me suis dit que j’étais vraiment passé à côté de quelque chose, j’étais fan ! Après, j’appréhendais beaucoup cette saison 4 parce que l’image de l’islam et la question du port du voile (hors du lycée) sont très différentes en France de la situation vécue en Norvège. Je ne voulais surtout pas qu’on fasse n’importe quoi dans la série : que l’on propage des clichés ou que ce soit stéréotypé. David m’a tout de suite rassurée. Chaque fois que j’hésitais, ils en ont tenu compte.”

Depuis quatre saisons, Assa Sylla est plongée dans l’aventure Skam, une immersion intense qui la comble en tant que comédienne.
“Le rythme est vraiment intense, il faut donc être fort mentalement et physiquement pour ne pas céder au stress, mais à partir du moment où l’équipe est bienveillante, qu’on s’entend bien et qu’on se soutient, tout roule. C’est cela qui nous booste et nous fait tenir. On avait une coach, Laura, qui nous aidait pour les répétitions, on a répeté avec David. Et avant cela, on avait fait des séances de lecture des épisodes avec toute l’équipe pour mettre des noms sur les visages. Le rythme est très rapide mais grâce au soutien de l’équipe, ça va.”

D’autant qu’Assa le reconnaît: “j’aime beaucoup m’entraîner. Je pense vraiment qu’il faudrait que je prenne des cours de théâtre parce que quand on ne tourne pas, on perd un peu de la fluidité. Faute de temps, je ne l’ai pas encore fait.”

Âgée de 22 ans, Assa Sylla est entrée en cinéma en 2014 avec le film Bande de filles de Céline Sciamma. « Ça m’est tombé dessus : j’accompagnais des copines et j’ai passé le casting par hasard. J’ai découvert le milieu du cinéma et j’ai adoré. J’ai enchaîné avec Danbé la tête haute, une fiction pour Arte. »
D’autres tournages ont suivi pour les séries Engrenages ou Falco ainsi que des rôles aux côtés de Gérard Jugnot ou Fanny Ardant. Assa Sylla est consciente du cadre dans lequel elle évolue qui impose des restrictions aux comédiennes noires.
« J’ai coécrit avec Aïssa Maïga et d’autres actrices le livre Noire n’est pas mon métier. On va continuer à en faire la promotion” lâche-t-elle avec un sourire entendu.
Assa – Imane : deux jeunes filles noires, musulmanes, bien déterminées à trouver leur place dans la société d’aujourd’hui.

Karin Tshidimba, à Paris