Tout commence par un drame: la mort en plein concert du chef d’orchestre Georges Belveau. Pour le remplacer, le Philharmonia a pensé à une femme de tempérament, Hélène Barizet (Marie-Sophie Ferdane charismatique), fraîchement rentrée de New York. Un joli coup de com qui n’est pas du goût de tout le monde. Son arrivée ne se fait pas dans les meilleures conditions car tout l’orchestre a voté contre la cheffe jugée trop fantasque et autoritaire.

De retour à Paris, Hélène Barizet retrouve son mari Peter Faulkner, compositeur en pleine création, mais aussi sa mère gravement malade. Elle découvre aussi une jeune violoniste hors pair: Selena Rivière (formidable Lina El Arabi, également violoniste amateure). Ses choix osés, son tempérament de feu et ses décisions à l’emporte pièce provoquent de nombreux remous dans une institution un peu sclérosée.

Hélène Barizet (Marie Sophie Ferdane) face à un nouveau mécène menaçant et envahissant campé par Tomer Sisley.

Comédiens et musiciens en scène

Portée par son amour du répertoire classique, la créatrice Marine Gacem a soigneusement choisi les morceaux appelés à porter l’intrigue de Philharmonia**. La série intègre d’ailleurs deux morceaux spécialement composés par Étienne Perruchon pour la partie symphonique et d’autres imaginés par Eduardo Noya pour la bande originale. Une trame musicale qui donne toute sa justesse et son originalité à Philharmonia, qui entend approfondir le propos musical en comparaison avec la série Mozart in the jungle d’Amazon.

Si les comédiens défendent avec beaucoup d’intensité et de crédibilité leurs rôles de musiciens, il faut bien avouer que la justesse musicale et sonore n’est pas toujours prolongée par la finesse d’interprétation des véritables musiciens. Prodigieusement inspirée dans sa façon de mettre en scène l’univers de la musique, et de la mêler intimement à son intrigue, la série est plus cabotine lorsqu’elle aborde le versant soap de son histoire, propice aux déchirements, cris, menaces, ruptures et liaisons. Certaines scènes ne détoneraient pas dans une saga d’été. Les amateurs du genre sauront apprécier cette partie de la trame plus « formatée ».

Reste que les images envoûtantes signées par le Québécois Louis Choquette (Mafiosa) et la force vitale qui se dégage de l’ensemble donnent envie d’apprendre un instrument sur le champ.
Entre thriller psychologique et soap, Philharmonia tire aussi le meilleur parti de son décor principal, le bâtiment conçu par l’architecte Jean Nouvel pour la Philharmonie de Paris, ainsi que des brillants interprètes de l’Orchestre national d’Ile-de-France (ONDIF) dans leur propre rôle.

Tomer Sisley en mécène intrigant (Rafael Crozes), Jacques Weber en père aimant, Véronique Jannot en médecin attentive, Laurent Bateau en directeur exigeant et inquiet, et François Vincentelli en représentant très à l’écoute des autres musiciens, complètent ce casting plein d’humanité et de blessures.

Karin Tshidimba